Expérience immersive et conceptuelle, performance musicale, dimension astrale et structuration architecturale : quel autre vocable pour transcrire l’atmosphère, le vécu et le ressenti que dégage et procure un concert de Steven WILSON version The Overview World Tour 2025?






A l’heure très précisément annoncée, il est 19h45 quand le Cirque Royal plonge dans le noir pour mieux laisser vibrer dans un impressionnant silence presqu’absolu les premières notes des 23 minutes d’Objects Outlive Us, 1ère des 2 plages du 8ème album tout fraichement sorti du Maître : The Overview.
Stylisée TH5 OV5RV95W, cette épopée conceptuelle de 42 minutes permet à WILSON de nous emmener dans un voyage kubrickien à travers l’obscurité de l’espace, une épopée sonore floydienne voyant l’humanité pour ce qu’elle est : minuscule, insignifiante, éclipsée par des distances cosmiques projetées sue l’écran géant en arrière-scène.








Prendre de la distance avec notre bonne vieille Terre pour aller flotter dans l’espace inter-sidéral, réfléchir sur notre insignifiance cosmique, quoi de plus subliminal quand c’est sous la houlette d’un musicien à la dimension cosmique de le trempe de mister/master WILSON ?






Ces 42 premières minutes renouent avec un new-prog conceptuel tout bonnement grandiose. Ciselé de main de maître, le rendu live de cet opus est d’une cohérence à toute épreuve qui transcende l’expérience studio. Projeté sur l’écran au-dessus du maitre de cérémonie qui trône au milieu de la scène, l’univers se contracte, se dilate par-dessus la tête de WILSON, mais son attention est toute portée sur un ensemble de claviers qui l’entourent et desquels il extrait des sons en phase avec les images et formules astrophysiciennes qui dansent en arrière-plan.








L’expérience n’en est que plus my(s)thique lorsqu’elle est sublimée par les silences les plus absolus qui règnent dans un Cirque Royal comme médusé, subjugué, hypnotisé, moments de silence déconcertants qui ponctuent les silences constitutifs de ces deux master-pieces. A l’issue de cet exercice de concentration et de virtuosité de haut-vol, WILSON annonce un break bien mérité de 20 minutes pour reconnecter ses neurones – et les nôtres.



Toujours aussi pince-sans-rire, l’humour british de WILSON teinté de son incomparable accent londonien léché et policé s’adresse, compatissant, à celles et ceux qui présents ce soir par le plus grand des hasards, sans doute entraînés par leur conjoint, leur père, leur mère, leur soeur, leur frère, leur oncle, leur tante (sic) et qui se retrouvent confrontés à ses morceaux alambiqués et tordus sortis d’on ne sait trop où.




Face à cette succession de performances ridiculously difficult and complicated to perform (re-sic), WILSON prépare son audience au summum en la matière avec Impossible Thightrope non sans préalablement chambrer Craig Blundell (drums) en l’enjoignant cette fois de ne pas merder le titre : Don’t fuck it up, please ! (re-sic). Avec Steven WILSON, le badinage et l’humour tout british restent de mise entre deux performances…






A ses côtés, stage right toujours, Nick Beggs décuple agilement et avec précision l’amplitude sonore d’un mur de basses fréquences en usant de ses multiples 4, 5 ou 6 cordes. Stage left cette fois (que WILSON présente comme l’american side of the stage), le tout aussi fidèle Adam Holzman aux keyboards officie aux côtés d’un discret mais redoutable Randy McStine que nous avions pour notre part découvert en Allemagne il y a deux ans lors de notre dernier Porcupine Tree.




Cet Adam Holzman aurait mérité de figurer dans le line-up de Lynyrd Skynyrd, de 38 Special ou de Black Oak Arkansas : allez-y comprendre ces références sudistes que WILSON nous balance avec un sourire en coin… Le second set du show s’avère plus conventionnel, pour peu qu’il soit concevable qu’une performance signée Steven WILSON soit conventionnelle. Son art-rock / post-rock / néo-progressif (comment dire…?) alterne par moment avec une certaine électronica bouillonnante qui le voit échanger quelques solos rageurs et riffs hargneux avec Randy McStine.



Mais c’est comme si WILSON restait avant tout chef d’orchestre, grand organisateur, super-conductor et maître de cérémonie en distribuant les rôles, en répartissant les moments de bravoure entre ses complices, alignant ainsi une succession de ridiculously difficult stuff to perform qu’il orchestre autant qu’il perform.



La set list est des plus pointues qui soient et s’adresse manifestement aux connoisseurs, pas au premier venu : bien loin de morceaux prévisibles ou pressentis, WILSON prend son public à contre-pied et se joue des convenances en d’adressant à un public averti. Mais en termes d’harmonies comme de thématiques, ce second set relie cependant le tout à The Overview pour conférer à cette expérience de plus de deux heures quart la démesure d’un certain ordre cosmique. Ni plus ni moins que du simple Steven WILSON, en soi.



Croisé fortuitement bien après le show au moment où il regagne son tour bus garé entre deux impressionnants trucks, juste le temps d’échanger avec lui un check et quelques mots, nous n’avons pas pensé à lui demander à quel moment il s’était rechaussé…



