Qui mieux que ROYAL TUSK pouvait ouvrir pour MONSTER TRUCK ?! Leur approche est identiquement épurée et spontanée. Leurs compos relèvent du même instinct jouissif et basique – et donc efficace. Le style de zique qui te procure un bonheur brut et immédiat que tu ne dois pas aller chercher dans une quelconque arrière-boutique cérébrale ou dans ton grenier des références et des analogies…
"Hey, guys, where do you come from… ?" hurle un quidam depuis le fond de la salle (soit à 15 mètres de la scène). Et le brave Carrière de ROYAL TUSK de répondre dans un français balbutiant qu’il s’applique à articuler de son mieux pour plaire à l’audience qu’il pense francophone: "Nous… venons de… du… Canada". Comme quoi n’est pas franchement récompensé de son effort l’étranger qui pense baragouiner la langue du pays hôte en se fourvoyant quant à l’idiome pratiqué !
Gloire à ceux qui s’efforcent de parler un français intelligible dans le fief de Bart, waar Vlamingen thijs zijn, qu’ils s’appellent ROYAL TUSK ou MONSTER TRUCK – qui, comme hier au Luxembourg – font montre de leurs bases en la langue de Voltaire et non pas de Vondel…
MONSTER TRUCK partage donc avec les TUSK la même énergie et la même authenticité, celles de ceux issus de familles de cols bleus. D’Ontario ou d’Alberta peu importe leurs prénoms, Canadien est leur nom. Des gars profondément honnêtes, intègres et entiers, qui ne comptent pas mais ne font que donner. Des p’tits gars humbles, qui savent d’où ils viennent et qui savent qu’ils ne sont pas encore arrivés. Et qu’il ne sont ici que par la grâce du riff et par la force du poignet.
Groove stoner, mélodies classic rock, énergie toute nord-américaine teintée de blues, de country rock, de soul, de funk, de hard-rock…on ne sait trop à quoi se raccrocher, avant de finalement laisser le lâcher-prise prendre le dessus et nous emporter dans un tourbillon tout ce qu’il y a de plus percutant et entraînant.
On ne sait pas trop pourquoi tout le monde sourit au sortir d’un concert de MONSTER TRUCK. Ou plutôt si: parce que le bonheur est fait de plaisirs simples, parce qu’il consiste à continuer à désirer ce qu’on possède déjà. Et MONSTER TRUCK, c’est une partie de nous, une parcelle qui demeure enfouie au plus profond de chacun de nous. Le stigmate du cri primal: aaaah, le rock’n’roll, cet état émotif qui vous fait battre la mesure ou le sang plus fort que nécessaire…