SOLSTAFIR – Metropol @ Berlin – 9 décembre 2024

Les paysages sonores envoûtants du post-rock de SOLSTAFIR nous contraignent, nous obligent et nous imposent même l’irrésistible voire l’irréfragable plaisir de filer sur la capitale allemande : comment pourrait-on faire l’impasse sur le dernier concert de cette tournée Nordic Descent 2024 qui arrose de 24 dates le nord du continent ?! Le cadre du Metropol, cet ancien théâtre berlinois, vaut à lui seul le déplacement même si la configuration et l’acoustique des lieux se prêtent sans doute davantage aux représentations théâtrales ou aux défilés de mode qu’à des concerts amplifiés. Mais ne faisons pas le grincheux: aucun plaisir ne vaut celui de SOLSTAFIR (pour faire des verres, et bien sûr de Paulener…).

Explorant de multiples horizons, du heavy à l’atmosphérique en passant par le post-rock et le psyché (ah, ces étiquettes, ces clichés et cette catégorisation totalement absurde: quelle horreur !), nos Islandais préférés continuent de nous surprendre. SOLSTAFIR couvre un large spectre entre racines black métal et penchant pour un rock mélodique et carrément hymnique (restons dans les étiquettes…) tout en nous balançant mine de rien des orchestrations expansives à souhait. SOLSTAFIR, c’est aussi une vitalité torturée et une sincérité dramatique au premier plan portée par des lyrics certes en islandais (à de rares exceptions près) mais que le band ne cesse d’expliquer pour que l’audience partage l’émotion, leurs émotions.

Le live ne galvaude nullement l’orchestration studio caractéristique de SÓLSTAFIR, que du contraire. Avec leurs riffs innés, leurs tonalités et leurs rythmes hypnotiques, les Islandais nous offrent 110 minutes durant un set luxuriant d’une vigueur épurée et teinté de changements permanents de signatures rythmiques: SOLSTAFIR, c’est comme qui dirait un voyage à travers une fusion fluide pour créer quelque chose d’inédit. Le final est à la hauteur de la performance, avec un Aðalbjorn Tryggvason qui chute malencontreusement à la renverse depuis le podium de la batterie en emportant avec lui quelques éléments, terminant ses derniers accords étendus par terre sur le dos tandis que Hallgrímur Jón Hallgrímsson achève le travail de déstructuration totale en dézinguant le reste de son kit. C’était le dernier SOLSTAFIR du Nordic Descent Tour 2024, et comment terminer autrement qu’en aurore boréale…?!