C’est quand même quelque chose, John WATTS qui te balance en solo l’intégrale de Red Skies Over Paradise, tout seul sur la scène du Centre Culturel de Menin, armé seulement de sa gratte et d’un ampli heureusement à la hauteur. Un peu à l’image d’un Neil Young qui te dévérinne une salle entière armé de sa Fender, sans l’ombre du moindre Crazy Horse à des lieues à la ronde. Ce doit être ça le charisme et le talent de ceux qui ne font pas du rock mais qui sont le rock. Alors qu’un musicien lambda te remplirait simplement l’espace de sa voix et de son instrument, John WATTS te submerge jusqu’au trémolo.
Quand depuis le bord de la route, tu observes une Deuche et une Ferrari qui se suivent en roulant à la même allure, ton regard et ton ouïe sont immanquablement attirés par celle qui emplit l’espace de sa présence, non ? Un peu comme John WATTS (… et Neil Young): ça ne s’explique pas, c’est instinctif, ça vient des tripes, c’est irrationnel et pourtant tellement basique. C’est ça l’effet John WATTS, ou l’effet FISCHER-Z: ça t’éclabousse alors qu’il n’y a sur scène qu’une gratte et un sexagénaire (septuagénaire l’année prochaine) à qui t’aurait presqu’envie de glisser un pièce dans son chapeau si tu le voyais jouer sur le trottoir.
A défaut de nous en mettre plein les mirettes, John WATTS nous en balance donc plein les pavillons deux heures durant (court intermède compris). Red Skies Over Paradise joué en intégral n’est qu’un savoureux prétexte pour revisiter en configuration solo toute la riche discographie de FISCHER-Z. Un moment d’intemporalité comme on en vit peu: thanx, Sir Watts.