Elle est toute chose et presque bouleversée, notre Tiffany Baworowski, émue même jusqu’aux larmes qui perlent au coin de ses yeux au regard si profond : on ne sort pas indemne de deux années d’annulations en série en retrouvant ce soir la scène pour la toute première fois. Initialement prévu en 2020, ce concert reporté pas moins de cinq fois au gré des confinements et déconfinements successifs prend enfin place ce soir dans une Rockhal bourrée jusqu’à la garde. Comment mieux débuter ce Aloha Tour 2020 (puis 2021 et enfin 2022) ?!
Et le Club de la Rockhal, incandescent, de lui rendre comme un seul homme en boomerang cette émotion en lui réservant un accueil et une ambiance somme toute peu habituelle en ces lieux. Qui plus est, le nouveau balcon doté de sa double galerie donne à la salle un cachet moins froid et moins cubique qu’auparavant, tout en augmentant la capacité du Club. Et la Typh d’y monter même le temps d’un morceau, pour sans doute prendre un peu plus encore de hauteur, comme si ses talons n’étaient pas suffisants…
On découvre ainsi une Typh BARROW au répertoire aussi riche et varié que peut l’être sa garde-robe au gré de la soirée. La set-list alterne du mainstream et du plus intimiste, depuis un zeste de jazz qui nous la ramène à ses débuts jusqu’à ses dernières créations dont elle teste l’accueil et la réceptivité ce soir auprès du public. De sa réaction au cours des prochains concerts, telle un banc d’essai, dépendra la play-list de son album en gestation…
Typh est en voix ce soir et celle-ci en phase avec ses multiples tenues, chacune adaptée à la couleur et au timbre des titres qu’elle déroule les uns après les autres. Ses talons-aiguilles (« achats compulsifs » avoue-t-elle) nous réservent les déhanchements les plus sensuels qui soient et la démarche la plus élégante à capter dans l’objectif. Ou quand l’oeil et l’oreille se délectent de plaisirs conjoints et complémentaires : on n’est pas aussi souvent à la fête dans le pit-photo où tête bien pleine et tête bien faite, élégance, charme et talent (talons ?) ne font pas systématiquement si bon ménage sur scène…
Pour un retour sous le feu des projecteurs, celui de Typh BARROW est un retour gagnant : rarement au cours d’un même set, pop, soul, jazz et blues sont aussi harmonieusement mariés par une artiste aussi solaire, aussi sensible et lumineuse. Sautillant de son piano au synthé ou jusqu’au devant de la scène, Typh est secondée par un band qui n’est pas non plus étranger à l’unicité manifeste que forme le tout. Si la priorité est naturellement donnée à The Voice, on peut regretter qu’elle éclipse ou à tout le moins ne mette pas suffisamment en exergue quelques moments de bravoure à mettre à l’actif de ses comparses… La suite ? Par ici dans notre galerie.