"Et surtout, n’oubliez pas de vous indigner et de vous révolter !" lâche un Bernie encore tout émoustillé en quittant la scène après un set de près de 100 minutes. Antisocial, perds-tu encore ton sang froid…?! TRUST n’a en tous cas rien perdu de sa superbe, de sa verve et de sa rage anti-conformiste.
TRUST fait ainsi la part belle faite à son dernier album sorti cette année. Il a tout pour séduire on stage, bien plus d’ailleurs que sur la version studio trop policée et aux accents un peu trop hallydayens. Force est donc de constater que cette dernière production tient admirablement bien la route sur scène, et les trois choristes qui apportent du coffre n’y sont pas pour rien non plus: elles complètent un duo Nono – Bernie qui n’a rien à envié à la complicité qu’ils partageaient déjà sur scène il y a 40 ans.
Seuls Préfabriqués et Antisocial clôturent le set en nous renvoyant à une époque discographique désormais révolue. Pourtant bien des seniors de l’assemblée attendent le moment, revoyant dans ces cinq lettres TRUST le coup de canon salvateur qui claqua dans une France au paysage rock’n’roll assoupi que les moins de cinquante ans ne peuvent aujourd’hui imaginer.
C’était l’époque où la bande à Bernie avait su redonner confiance à un rock français moribond, à renfort d’injections de riffs puissants et de textes martelés sur l’enclume. A l’instar d’« Antisocial », plus qu’un hymne, qui devint le symbole d’une jeunesse refusant les magouilles politiques et s’incrustant dans le béton des cités dortoirs.
Quel adolescent peut-il imaginer aujourd’hui que TRUST, dont l’immense talent fit trembler l’Europe du Reading à Rockpalast, reste encore à ce jour une référence inégalée pour bien des icônes de la musique, d’AC/DC à Iron Maiden en passant par Metallica ou The Scorpions, qui n’ont pas oublié la déflagration sonique des « frenchies » ?!
Ce soir, l’icône d’une génération est de retour pour réveiller l’adrénaline car rien n’a changé, pire: TRUST, « Au nom de la Rage Tour 2018". Et si se révolter contre certains pans de notre système occidental et capitaliste, destructeur et broyeur, était en définitive une voie salvatrice (parmi d’autres) à suivre?! L’avenir nous le dira – ou pas.