RAMBLIN’ MAN FAIR, deuxième du nom – et seconde journée, dans le désordre.
Du haut de ses 72 berges, Gary Brooker, concentré à l’extrême, est assis sur un tabouret, les yeux perdus dans le vide… Concentration, concentration. Le tableau dure, dure et a duré une éternité avant que ne vienne le moment pour lui de sortir de sa léthargie: l’appel du taf. PROCOL HARUM traverse les décennies, et sans doute cette scène s’est-elle déjà produite des milliers de fois depuis la fin des années 1960. Pour nous, c’est la première – et toutes les premières fois marquent.
Deux TRES grands monsieurs partagent successivement la tête d’affiche de la Blues Stage : Walter TROUT, le revenu des morts qu’on ne pensait plus jamais revoir sur les planches, et Warren HAYNES – ici backstage pris sur le vif en plein interview. Il n’y a pas à dire mais quand il s’agit d’offrir la crème de la crème du blues-rock, le Ramblin ‘ met effectivement les petits plats de blues dans les grands plats de rock…:
THUNDER, auréolé de bien des hits inscrits au Top 40, reste un de ces groupes classic rock qui a bien plus a gagner qu’à perdre en délivrant une prestation live digne de ce nom. Nous leur laisserons donc le privilège de l’effort et la palme de la démarche car la concurrence est rude, très rude sur la mainstage du Ramblin 2016…
A tout organisateur de festival qui se pose la légitime et angoissante question de savoir comment mettre le feu à la plaine – ou au parc, ici en l’occurrence – en milieu d’après-midi afin de sortir le public de sa torpeur amplifiée par un soleil de plomb, The ANSWER est la réponse, comme son nom l’indique…
Ils nous avaient déjà sérieusement tapé dans l’oreille en première partie d’AC-DC en 2009, aujourd’hui ils confirment tout le bien que nous pensions d’eux. Que sera-ce demain…?!
Jésus, Marie, Joseph, rentrez les agneaux et planquez l’acide: HAWKWIND is back ! Le Ramblin nous offre l’exploit de programmer cet hallucinant voyage spatio-temporel avec la bande à Dave Brock et Tim Blake (qui, pincez-nous, nous vulgarise la clope au bec sa maîtrise es thérémine sur le gazon). Merci le Ramblin !
Lemmy ne fut certes qu’un des nombreux membres qu’a vu défiler HAWKWIND durant ces décennies, mais son ombre comme qui dirait planait sur la Prog Stage durant le set. Un trou dans l’espace-temps et un passage éclair dans la quatrième dimension occasionnés par ces extra-terrestres ne peut néanmoins pas tout expliquer. Alors… quoi ??
C’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon. Et quand il s’agit d’un mur de Marshall tous voyants dans le rouge, on sait qu’AIRBOURNE n’est pas loin. Leur outil de travail – comme la truelle pour le maçon – n’est pas fait pour monter le mur du son, mais bien pour l’exploser…:
Pas de surprise avec AIRBOURNE, une valeur sûre du marché du décibel: les Australiens savent démarrer au quart de tour, le problème étant plutôt de les arrêter. Entre escalade des échafaudages, explosion crânienne de canettes et autre petit tour dans le public, c’est à se demander s’ils ne pourraient pas faire un peu de macramé afin d’encore compliquer et complexifier la tâche. Churchill aurait eu AIRBOURNE à ses côtés, la seconde guerre mondiale n’aurait pas duré deux ans…
Sans aucun doute, une des grandes claques de cette seconde journée de Ramblin Man Fair 2016 et assurément la surprise du chef: The CADILLAC THREE et leur Mississippi burning groove qui vire au southern rock d’une rare intensité. Un ouragan force 5 qui hume bon le Deep South :
Bon, d’accord, Nashville n’est pas situé sur les rives du Mississippi mais en termes d’énergie hydro-électrique on ne va pas chicaner non plus pour quelques miles. Ces trois p’tits gars de CADILLAC THREE, ils nous font presque penser à ZZ Top il y a quelques décennies, quand leur boogie-blues secouait le popotin des Texans. OK, le Texas ce n’est pas non plus le Mississippi ni Nashville, mais bon…
BLACK STONE CHERRY remplit à merveille son rôle de tête d’affiche du dimanche: du show, un son lourd, du look, de la fraîcheur et de la spontanéité alliée à un sens prononcé de l‘entertainement servi par de bonnes mais simples et efficaces compos. Effectivement, ça décoiffe grave et le public ne s’y trompe pas. Restera maintenant à observer l’effet BLACK STONE CHERRY sur la durée: les années qui viennent nous en apprendront bien plus que ces 90′ de show – au propre comme au figuré…
Les quatre poulets frits du Kentucky au nom prédestiné de The KENTUCKY HEADHUNTERS auraient davantage eu leur place sur la Blues Stage que sur la Classic Rock mais bon, les programmateurs en ont décidé autrement. Le southern rock des Colonels tirant plus sur le country qu’autre chose fait néanmoins recette frontstage où photographes et amateurs se pressent comme poules en batterie :
Les frères VON HERTZEN ont un pedigree long déjà comme un jour sans pain ni vin. Une touche de prog, une pincée de psyché, une once de graisse et un zeste d’indéfinissable font des VON HERTZEN BROTHERS une alchimie qui tient ô combien la route et la distance…: