Par un beau 04 novembre 2018 à Den Atelier, un duo tueur, couple complice, revient au devant de la scène: Bernie & Nono…
Étiquette : Trust
"Et surtout, n’oubliez pas de vous indigner et de vous révolter !" lâche un Bernie encore tout émoustillé en quittant la scène après un set de près de 100 minutes. Antisocial, perds-tu encore ton sang froid…?! TRUST n’a en tous cas rien perdu de sa superbe, de sa verve et de sa rage anti-conformiste.
TRUST fait ainsi la part belle faite à son dernier album sorti cette année. Il a tout pour séduire on stage, bien plus d’ailleurs que sur la version studio trop policée et aux accents un peu trop hallydayens. Force est donc de constater que cette dernière production tient admirablement bien la route sur scène, et les trois choristes qui apportent du coffre n’y sont pas pour rien non plus: elles complètent un duo Nono – Bernie qui n’a rien à envié à la complicité qu’ils partageaient déjà sur scène il y a 40 ans.
Seuls Préfabriqués et Antisocial clôturent le set en nous renvoyant à une époque discographique désormais révolue. Pourtant bien des seniors de l’assemblée attendent le moment, revoyant dans ces cinq lettres TRUST le coup de canon salvateur qui claqua dans une France au paysage rock’n’roll assoupi que les moins de cinquante ans ne peuvent aujourd’hui imaginer.
C’était l’époque où la bande à Bernie avait su redonner confiance à un rock français moribond, à renfort d’injections de riffs puissants et de textes martelés sur l’enclume. A l’instar d’« Antisocial », plus qu’un hymne, qui devint le symbole d’une jeunesse refusant les magouilles politiques et s’incrustant dans le béton des cités dortoirs.
Quel adolescent peut-il imaginer aujourd’hui que TRUST, dont l’immense talent fit trembler l’Europe du Reading à Rockpalast, reste encore à ce jour une référence inégalée pour bien des icônes de la musique, d’AC/DC à Iron Maiden en passant par Metallica ou The Scorpions, qui n’ont pas oublié la déflagration sonique des « frenchies » ?!
Ce soir, l’icône d’une génération est de retour pour réveiller l’adrénaline car rien n’a changé, pire: TRUST, « Au nom de la Rage Tour 2018". Et si se révolter contre certains pans de notre système occidental et capitaliste, destructeur et broyeur, était en définitive une voie salvatrice (parmi d’autres) à suivre?! L’avenir nous le dira – ou pas.
1980: j’avais 15 ans et demi lors de mon premier (et dernier) concert de Trust il y a de cela… 28 ans et demi, oufti…! Tout l’Hexagone les portait au pinacle, en pleine heure de gloire de Téléphone également. Pour clore en beauté et entre intimes (sic) leur tournée 2008, nos Français se payent deux clubs: les 350 places du Spirit ce soir et la scène du Moods à Monaco le surlendemain. Bernie et Nono n’ont rien perdu de leur verve et de leur superbe – si ce ne sont quelques cheveux pour Bernie (calvitie dissimulée par un bob qu’il se refusera d’ôter malgré les cris insistants et les hurlements persistants !). L’ambiance est chaude mais surtout excessivement conviviale, simple et bon enfant: on est presqu’en famille, entre amis. Bernie a conservé intact son contact très, très direct avec le public et ça dialogue ferme – même sans micro, vu l’exiguïté des lieux et l’intimité des hôtes. Son sens de l’humour aussi: "On va vous jouer maintenant un morceau, paroles de Didier Barbelivien et musique de Michel Sardou"… Plus de deux heures de show avec notamment tous les classiques de leurs trois premiers albums (1979-1981), certains revisités à la mode banlieusarde avec DJ & platine, d’autres offerts dans leur livrée intacte et originelle. La voix de Bernie reste impressionnante de présence, mais ce sont surtout les textes engagés et rugueux qui restent furieusement de circonstance et ô combien percutants au vu de l’actualité sociale, économique et géo-politique. La force de leurs lyrics, la dynamique (dynamite?) de leurs compositions et leur présence scénique n’ont pas pris une ride. Pas une. Merci les gars, et chapeau. Ou plutôt bob…
Photos (c) – Use only with mention of www.intensities-in-tens-cities.eu
La petite bourgeoisie bien pensante et conformiste du chef-lieu est aux aguets: Bernie Bonvoisin et sa clique hurlante – et un rien anar & gauchiste – débarquent au hall polyvalent. Evolution ou révolution ?! J’arrive des heures et des heures à l’avance, descendant de mon train et me retrouvant seul devant les portes du hall en début ou en milieu d’après-midi, je ne sais plus. L’occasion de serrer la pince à Bernie et de tailler une petite bavette avec ses comparses jouant les roadies, puis de me retrouver au premier rang: une habitude qui me collera aux basques bien des fois depuis lors !