"Nous, on fait du rock excité ", me lâche backstage tout… excité encore un Reuno à peine descendu de scène et encore tout dégoulinant. "On ne fait pas du métal, ni de la fusion, ni du trash : on fait du rock excité" ! Et quand c’est en français avec des paroles de plomb et des lyrics subversives et incisives, ça le fait encore plus dès le second morceau : "Et maintenant, foutez le bordel !". Ne se revendiquant ni anarchistes, ni gauchistes, ni zapatistes, ni anti-impérialistes, les gars de LOFOFORA ne le nient pas mais ne se considèrent pas non plus engagés : ils ne sont ni pour ni contre, bien au contraire. Et ce n’est pas le t-shirt "Anti-Sardou" qui éclaircira la chose…
Il n’empêche, les murs de la basilique de Saint-Hubert doivent encore en trembler, et l’enceinte du palais abbatial n’a pas dû en entendre de plus belles depuis des siècles. Reuno qui me confie qu’il vient à 46 ans de s’acheter il y a deux semaines sa première gratte, ne pense cependant qu’au blues, qu’au roots, s’imaginant au plus profond du delta du Mississippi calme et paisible quand le manche le démange. Pourtant, c’est une autre bête qui le démangeait il y a quelques minutes sur scène : les foux-furieux de LOFOFORA offrent au BorqTour 2012 un set d’une violence parfaite car la plus finement maîtrisée qui soit, la plus subtilement domptée, la plus superbement dosée…
Les Parisiens caressent pourtant l’assistance à rebrousse poil, l’interpellant et la provoquant mais tout en finesse, tout en caresse, avec la subtilité d’un forgeron poète qui se la jouerait Bolchoï. Avec une tête d’affiche pareille et un show d’une énergie dont seuls ces Français ont le secret, il n’y a pas à dire, mais c’est ce vendredi soir que le BorqTour vient de marquer définitivement de son empreinte le petit monde des organisateurs de festivals luxembourgeois : bienvenue dans la cour des Grands ! Et merci LOFOFORA pour cette démonstration de force sans pareille, oufti !
En fin d’après-midi, THEMIS ouvrait le festival suivi de Cédric GERVY à l’humour si déjanté, si décalé et donc si… belge (pour ceux qui comprennent les trois) : c’était de bon augure pour débuter la soirée sur cette mainstage. S’en suivent les excellentissimes et surprenants SKATING TEENAGERS qui nous assènent un mélange de reggae-ska-metal-fusion-hip-hop mâtiné de trois cuivres de derrière les fagots et d’une lead guitar qui a bouffé de la vache enragée. Excellent set, les gars – et joli clin d’oeil votre bande-annonce crachant à tous décibels l’air local au cor de chasse. Mais quoi de plus normal en cette Capitale Européenne de la Chasse qui vous accueille ce soir ? La seconde journée du samedi – avec pas moins de trois scènes – s’annonce chaud-boulette, for sure…