Nous étions adolescent lorsque Ballroom Blitz avait nos faveurs dans le juke-box de « chez Madeleine ». Ce titre phare de SWEET se la partageait à Baby Snake de Frank Zappa, que nous faisons alternativement et surtout indéfiniment tourner en boucle dans le bistro en monopolisant le mange-disque. C’est ainsi que nous avons découvert SWEET au tout, tout début des eighties alors que le band avait déjà pourtant une longue histoire derrière lui et un semi-remorque de hits à son actif.
C’était le temps de nos premiers bistrots, de nos premières bières, de nos premières amourettes sur les banquettes feutrées de rouge dans le coin sombre, à gauche au fond du café – quand on ne jouait pas au billard à l’étage. Entre un SWEET et un Frank Zappa, on payait notre chope avec une pièce de 20 francs qu’on claquait bruyamment sur le comptoir lustré de la Madeleine, pour faire comme dans les films de western… Car c’était aussi l’époque où coïncidait l’apparition des pièces de 20 francs belges et le passage de la chope à ce même prix.
C’est dire combien le concert de SWEET ce dimanche soir à la Rockhal revêt une saveur particulièrement nostalgique et dégage une senteur adolescente. Et nous n’étions de loin pas le seul de l’assemblée à vivre ce revival glam rock, même si sans doute ne sommes nous pas le plus jeune non plus de la salle – mais quasi. Trois photographes accrédités seulement, dont les deux autres couvraient également le show des Chippendales ( !) dans le mainhall voisin du club de la Rockhal.
Le délégué de Kultopolis, le promoteur du concert, nous accueille himself à l’entrée presse. Il ne nous délivre pas le traditionnel pass-photo à arborer en guise de laisser-passer, mais nous offre un service pour le moins personnalisé en nous conduisant jusqu’au cerbère de faction qui garde l’entrée du pit front stage. Un service d’autant plus personnalisé qu’il nous précise même qu’Andy SCOTT, seul membre originel de la formation époque fin sixties, se tient stage right (ou stage left, depuis le public), sous-entendant donc de braquer notre objectif sur ce côté de la scène…
Des concerts desquels on sort à 21h20’, de mémoire de rocker, ça n’est pas tous les soirs ! 1h20 sur scène pour les cinq revenants d’une époque révolue qui nous ont fait voyager dans le temps en nous déversant tous leurs hits – dont une partie non négligeable fait partie du patrimoine culturel et immatériel de l’humanité tant ils ont été repris… 20h00: back to the roots. 21h20: back to the future. Mission accomplie. SWEET memories…