Non, non: on n’a pas amené Johnny Winter sur scène. Non, on ne l’a pas installé sur sa chaise on stage, non. Certes, on l’a soutenu backstage, mais il a fait seul – seul ! – à tout petits pas incertains les derniers mètres qui le séparaient de sa chaise qu’il n’a pas quittée de tout le concert. Etait-il passé par Banneux avant d’arriver à Dolhain-Limbourg ?! Jeannot Hiver, c’est un poème, un mythe, une légende, une référence, ou une momie, un albinos, un revenant – bref, un peu de tout à la fois. Mais c’est avant tout un grand monsieur qui a toujours un jeu de gratte à vous donner des frissons dans le dos. Et ce son, cette sonorité si caractéristique, cette voix si particulière : oufti ! Son chapeau noir vissé sur la tête, ombrageant la moitié de son visage, n’en fait que ressortir davantage encore sa longue chevelure blanche tombant sur de frêles épaules et des bras maigrichons aux tatouages toujours aussi envahissants. Mâchant ses mots pour mieux sans doute concentrer son attention sur ses 10 doigts qu’il est difficile de suivre, Johnny Winter m’a charmé. Ni plus, ni moins. C’est comme le pape, sans doute: il faut l’avoir vu une fois sans pour autant être forcément accusé de sombrer dans la gérontophilie aigüe. Je suis heureux de ce face-à-face – il y a tellement de pointures qui ont quitté cette bonne vieille terre sans que nous ayons eu l’occasion de croiser nos chemins. Quant à notre Bjorn Berge régional, national et surtout international – j’ai nommé le local de l’étape Jacques Stotzem – il nous a avoué avoir assouvi un de ces phantasmes en ouvrant ce soir pour Johnny Winter. Tant mieux pour lui, ma foi…