Un excellentissime ROTTING CHRIST aide à faire passer l’arrière-goût passablement guignolesque des Suisses de SILVER DUST qui officient en tout, tout début de soirée, avant même l’heure officiellement annoncée. ROTTING CHRIST est à ce point bon que cette soirée à la KuFa vient s’ajouter aux rares souvenirs que nous conservons d‘opening act prenant manifestement l’ascendant sur la tête d’affiche…
Le Christ Pourrissant est une (bonne) chose, musicalement parlant. Mais cependant une toute autre chose quand il s’agit de creuser certaines pensées propagées par le band (du style le christianisme est la pire chose qui soit arrivée à l’humanité: une ruse bien organisée pour contrôler la société). Soit… Sans doute une version hellénistique d’un certain opium du peuple ressassé à la sauce moussaka grecque. Passons – le métaleux moyen et bas du front est un exemple de réfraction, pas nécessairement de réflexion.
Dans le cas contraire, ça se saurait.
Si MOONSPELL joue presqu’à domicile avec un parterre bien portugais qui a fait le (court) déplacement, leur set nous laisse toutefois un goût de trop peu, de pas assez. En fait, non, ce n’est pas leur set qui laisse à désirer, mais ce sont plutôt leurs compositions. Ce qui est en soi un tantinet plus inquiétant.
Il y a bien l’une ou l’autre morceau de gras à se mettre sous la dent, mais leurs compositions manquent manifestement de consistance. Non pas qu’elles soient inintéressantes, que nenni, mais elles manquent de rugosité et surtout de profondeur dans leur expression live. Une dimension est manquante, aux abonnés absents, celle précisément qui fait toute la différence.
MOONSPELL nous laisse sur notre faim presqu’à chaque morceau, au point de se demander si nos lascars ne les raccourcissent ou ne les amputent pas. Certaines compositions devraient décoller, partir en vrille, emprunter l’highway to hell ou le stairway to heaven. Mais non, bardaf: a chaque fois, le soufflé retombe avant même d’avoir eu ou pris le temps de monter. Le lait tourne avant même d’être devenu beurre. La chenille se fait bouffer avant même d’être devenue papillon. On éjacule en poudre…
Un MOONSPELL décevant donc, comparativement à l’impression pourtant toute autre qu’ils nous avaient laissée lors de leur excellente prestation au Graspop Metal Meeting de 2016. Comme quoi le vin a parfois une toute autre saveur selon le flacon dans lequel il est servi. A moins qu’il ne décante tout autrement selon qu’on l’apprécie à la bouteille ou plutôt à la carafe…