TAGADA JONES, ou quand rock enragé rime avec rock engagé, bien à gauche de l’échiquier rock hexagonal. Les Bretons ont repris il y a pas mal d’années maintenant comme qui dirait la relève d’un certain flambeau – ou plutôt d’un étendard – jadis tenu par les Berurriers Noirs notamment, voire Les Ramoneurs de Menhirs ou Lofofora qui continuent leur bonhomme de chemin, après l’intervalle Bal des Enragés. Dommage que le public n’ait pas capté cet essentiel – ce fondamental – et ne se soit pas déplacé en nombre dans un Entrepôt pourtant bien configuré pour contenir la rage boulimique de TAGADA JONES.
Si le band regrette cette affluence toute relative, il rend néanmoins un hommage appuyé à cette assistance certes clairsemée mais toutefois bien en phase semble-t-il avec les dissidents. Les slogans taillés dans le roc(k) sont scandés par des refrains qui leur donnent une consistance toute spéciale ; les lignes de guitares tout comme le mur de la rythmique leur assurent une caisse de résonance et une portée optimales pour devenir cri du cœur, cri de rage, cri de révolte. La puissance des mots et le choc des riffs en quelque sorte, loin d’un discours aseptisé et creux : la musique porte les lyrics, le discours vindicatif et intemporel colle à la hargne des Marshall.
TAGADA JONES revendique sa place dans le débat sociétal, et ceux qui ne l’entendent pas de la sorte doivent souffrir d’acouphènes. Ceux qui l’entendent aussi, d’ailleurs. Si avec Lavilliers la musique est un cri qui vient de l’intérieur, avec TAGADA JONES ce cri intérieur porte sacrément à l’extérieur. Et tant qu’à faire, c’est pas plus mal pour être entendu. No pasaran !