Tumeur au cerveau… Elle n’aura pas eu cette fois encore la peau du valeureux Britt Turner, mais presque. Avant même la mi-concert, Charlie Starr interrompt subitement le set et explique pour ceux qui, comme nous, ne l’auraient pas remarqué, que le frère Turner est en passe de tourner de l’oeil derrière ses fûts et qu’il leur faut stopper net les réjouissances. Un roadie emmène fissa backstage le Britt tandis que les autres membres s’éclipsent sans mot dire. Silence. Lourd et long, long silence bien des minutes durant face à une scène vide et plongée dans la pénombre.
Charlie revient finalement au micro, sa gratte sèche en bandoulière, pour annoncer au public encore sonné et silencieux que le set est terminé. En guise de maigre consolation, accompagné des deux autres guitares qui le rejoignent, le trio nous gratifie toutefois sobrement de deux ultimes morceaux en version unplugged, avant de saluer définitivement et humblement l’assemblée.
Les connoisseurs savaient, nous pas: Britt Turner souffre d’une tumeur au cerveau qui, régulièrement, prend le dessus mais surtout ses commandes neuronales. Jusqu’au jour où ces douloureux malaises auront définitivement raison de lui: si ce n’est pas encore ce soir, Dieu seul sait quel soir sera son dernier set. Les deux heures de concert prévues sont amputées de moitié, avant que l’assemblée – sold out – ne se disperse dans un silence et une retenue dont les murs du Depot ne doivent pas être coutumiers.
Ceci dit, la première heure du show a tenu toutes ses promesses: du rock sudiste pur et (pas) dur, cheveux et barbes longues, des santiags et trois guitares: la dégaine ne trompe pas le chaland sur la marchandise. BLACKBERRY SMOKE concentre tous les ingrédients possibles du boogie, du rock & roll, du bluegrass et du blues. Et surtout cette south touch qui hume bon le Deep South et fait hérisser illico le moindre poil de l’échine à l’instar d’un bon vieux Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, The Marshall Tucker Band ou 38 Special à côté desquels BLACKBERRY SMOKE pourrait encore passer pour des gamins pas encore secs derrière les oreilles.
Het Depot flaire bon ce soir les champs de coton, la Floride, l’Alabama et la Géorgie réunis autour d’un bluegrass mâtiné de boogie quand pas de country voire même de hard rock. Il n’y a pas à dire, il n’y a rien à dire, mais BLACKBERRY SMOKE n’a définitivement plus rien à prouver et les sold-out qui parsèment toute cette tournée européenne en sont l’illustration la plus manifeste qui soit.
Mention spéciale à READ SOUTHALL BAND qui a le délicat privilège d’ouvrir la soirée face une audience sold-out à leur insu. Et ils s’en sortent fichtrement bien, les jeunots. A new southern star is born ?