Un set d’Alain Pire Expérience (aka APEx), c’est un peu comme une immersion dans un bain de jouvence baigné de sons venus parfois d’une autre époque, lové d’une atmosphère un tantinet surannée. Mais c’est aussi des compos manifestement modernes et envolées, enfantées d’un génome psyché et dotées d’un ADN contemporain qui ne renie pas ses origines sixties et seventies. Envie d’en savoir plus ? Excellente initiative…!
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Revisited, certes, mais pas que: on pourrait même dire Revisited & Featured. Car nous avons le JEAN-PIERRE FROIDEBISE Trio en entrée et ALAIN PIRE EXPERIENCE en hors-d’oeuvre ou mise en bouche : peu importe l’appellation des plats et des mets pour autant qu’on ait l’ivresse quand tout ce beau monde déboule ensuite côte-à-côte sous la bannière SUCH A NOISE Revisited… Now online et déjà dans notre galerie des portraits…
On peut parfois constater un décalage plus ou moins prononcé, voire certain, entre l’âge moyen de l’assistance et celui des artistes qui se produisent devant elle. A l’inverse, comme ce soir, la parfaite similitude générationnelle aurait presque tendance à s’appliquer en toute symbiose des deux côtés du miroir: les PIRE – COCO – FROIDEBISE & Cie n’ont rien à envier à l’âge moyen de celles et ceux venus se plonger dans un bain de jouvence dénommé SUCH A NOISE (revisited). C’est dire combien on peut parfois se sentir jeune, malgré le poids des années, au milieu de tous ces bienheureux pensionnés (… ah ah ah).
Ceci dit, tous ces jeunes soixantenaires qui se partagent la scène ont juste un peu plus de bouteille que la rappeur (très, très) moyen qui truste le top-streaming ou que la midinette de variété qui nous gonfle, fusse-t-elle conçue par de célèbres parents ou d’illustres inconnus. Nos lascars sont en capacité d’utiliser un instrument (chose pas toujours fréquente en 2021 dans le music business), sont en mesure de composer (pas donné non plus au premier interprète venu) et surtout de faire parler la poudre mieux que quiconque. Ils nous le démontrent tout au long d’un repas trois services avec au menu le FROIDEBISE TRIO qui ouvre le gueuleton par un set propret marqué de quelques remarquables envolées guitaristiques dans le style tout ce qu’il y a de Froidebise. Ceux qui connaissent comprendront, les autres non – et comme l’humour ou la philosophie de l’intéressé, il est sans doute inutile d’essayer de leur expliquer.
Avec toujours les mêmes infatigables René Stock et Chris Schöbben à la rythmique basse-batterie, ALAIN PIRE EXPERIENCE enchaîne pour un second set dynamique et échevelé (pour reprendre les termes du maître de cérémonie). Sa démonstration s’impose d’entrée de jeu par trois morceaux tirés de sa dernière et remarquable galette, laquelle rencontre également son petit succès à l’étranger ainsi que sur de lointains continents. Le solo aussi éblouissant que décoiffant et époustouflant que nous livre René Stock restera quant à lui dans les annales du Spirit dont les murs ont dû rarement résonner de telles quatre cordes. Mention toute spéciale au bleu de service qui officie aux percussions, remarquable et brillant remplaçant qui assure avec une frappe chirurgicale un efficace sans-faute tout au long de la soirée. Alain PIRE EXPERIENCE, c’est comme les fricadelles: il y a tellement de trucs et d’ingrédients qui viennent d’on ne sait où et qu’on peut y retrouver là-dedans, tellement de saveurs et de condiments aux goûts indéfinis mais comme un peu connus, qu’on ne sait finalement jamais comment c’est fait. Mais une chose est certaine: on s’en ferait péter l’ panse tellement qu’ c’est bon – comme diraient des traîne-misères ou des ramasse-mégots à l’ baraque à frites.
Le plat de résistance est ensuite servi sur un plateau d’argent à deux poignées, lesquelles ont pour nom Jean-Pierre FROIDEBISE stage left et Alain PIRE stage right. Fine fleur et mauvaise herbe, ou vice-versa. Pas de répit pour Marcus et Chris qui continuent d’assurer grave et de dépoter pour ce 3ème set, avec une époustouflante rythmique qui porte au pinacle les deux lead guitars qui se relaient autour du revenant de service aux vocals: Jean-Pierre COCCO himself, porte-parole du lobby belge du chewing gum depuis quelques décennies. Ce SUCH A NOISE Revisited charpenté de trois de ses piliers nous replonge ainsi dans la glorieuse époque que les moins de 20 ans ne peuvent comprendre ni même appréhender: celle où l’insipide mainstream ne trônait pas encore en haut des charts et où le real rock’n’roll trustait le top des programmations. Mais qu’est-ce qui a donc merdé depuis lors ? Quand et pourquoi est-ce que ça a foiré…?
Le Reflektor de Liège accueille ce samedi soir un des tous premiers (voire le premier ?) gigs du power trio depuis la sortie fin décembre 2016 de son dernier et délectable opus "Songs from the 13th floor". Emmené tambour battant par son leader, éminence grise à la fois tête pensante et compositeur hors pair, le ALAIN PIRE EXPERIENCE du bien nommé du même nom nous emmène dans les arcanes d’un rock a la fois puissant et ô complexe.
Emporté ou plutôt inspiré par le tourbillon des sonorités aux relents psychédéliques de ses maîtres à penser, ALAIN PIRE EXPERIENCE évite néanmoins le piège facile de tomber dans le travers d’un plagiat stérile et aussi inintéressant que futile et passéiste. ll en résulte pour le trio un véritable tour de force que de restituer en live la complexité architecturale et les moments de bravoure technique et instrumentale qui caractérisent certaines de ses compositions. Et l’on peut espérer que le défi n’est pas près de s’estomper au fur et à mesure des prochains gigs, sinon à quoi bon faire compliquer quand on peut faire simple ?! Sur ce, bon trip onirique à Timothy Leary qui doit connaître quelques extases post-mortem s’il a l’ouïe fine…
Marathon Man, Alain PIRE ? C’est vrai qu’il a un peu de Dustin Hoffman… Cette longue, longue soirée tribute avant son heure posthume est l’occasion de se remettre sous la dent et surtout dans l’oreille un peu de tout, à l’image des fromages belges. En zakouski, l’Alain nous sert le (presque) meilleur de MICHEL DRUCKER EXPERIENCE qu’on n’avait quelque peu délaissé ces derniers temps, tout en se disant qu’on n’aurait pas dû tant la matière première reste un délice de fin gourmet. Pas de SUBSTITUTE malheureusement en hors-d’oeuvre, mais par contre un peu de SUCH A NOISE en amuse-bouche (pas assez, mais il n’y en a jamais assez pour s’en mettre derrière la cravate – ni d’amuse-bouches ni de SUCH A NOISE…).
Au menu toujours, de l’ABBEY ROAD en veux-tu en voilà en plat de résistance et la carte se poursuit en mentionnant de l’ALAIN PIRE EXPERIENCE par-ci par-là pour qui n’en aurait pas encore à satiété. Le maître d’hôtel et de cérémonie annonce des guests de tout poil, de tout calibre et de toute nationalité en pièce montée pour quelques moments de bravoure r’n’r en guise de trou-normand à destination de ceux qui n’en aurait pas encore assez. Il y en a vraiment pour tout le monde et pour tous les goûts autour du Rémy Bricka de la gratte. Nan, Rémy, on plaisante: n’est pas homme-orchestre qui veut, et porter au dos Marc Ysaye ou Rudy Lenners et leur grosse-caisse n’est pas à la portée du premier velu…
Bravo donc à Maître Pire qui était au fourneau, et à toute son équipe de fines gâchettes qui officiait en cuisine (blurps) : Marcus Weymaere et René Stock, Marc Ysaye, Jean-Pierre Froidebise, Vincent Fis, Sophie Hercot et Alain Leonard de Shaking the Tree, Pierre Léonard, Karin Clercq, Benoît Poncin, Rudy Lenners, Jérôme Danthinne, Fabio Picci, Etienne Dombret, Jacky Coppens, Didier Dessers, Yves Laloux, Rick Corcoran et Maria d’Orgone Box. Le dernier ferme la porte, siouplait (et c’est valable également pour les Révérends du Prince Albert qui ont brillé par leur absence – à moins qu’ils nous aient échappés, les garnements). On sait désormais qui mentionner sur le faire-part (ou qui convier pour jouer du mellotron durant la tarte et le café à l’issue des obsèques) le jour ou l’Alain Pire passera de vie à trépas…
On sait qu’il est des albums qui prennent toute leur dimension et toute leur consistance live on stage. Nous ne pensions pas, mais alors là pas du tout que le Cambridge d’Alain Pire Experience était de ceux-là, tant l’aspect policé et bien léché de sa production en faisait déjà en soi une petite perle bien proprette à ne pas trop bousculer pensions-nous (à tort). C’était oublier à qui nous avions à faire, et disons-le tout de go: Alain Pire Experience live on stage, c’est quasi une tuerie! Au point que cela fait longtemps déjà que nous n’avions pas été contraint d’enfiler nos bouchons, c’est dire.
Cette guitare (trop ?) propre sur la version studio se métamorphose sur scène, devenant grasse, envahissante et presque méchante la garce! Les compositions à l’allure extra-terrestre sur CD tant elles sont savamment construites et comme venant d’une autre dimension, deviennent tout à coup bien vivantes et même méchamment bluffantes. C’est comme si le gentil petit Alain à l’air inoffensif se métamorphosait soudainement en violent Alien qui vous fait des trous dans la tête ! La scène ne trahit pas la complexité des arrangements ni la savante architecture des compositions, que du contraire: par la main du maître (His Master Voice?), l’album trouve par le truchement du live le chouïa de testostérone et le tchû de volume qui, tout à coup, semblent maintenant manquer sur le CD.
La profondeur et la puissance proprement contenues comme par pudeur (ou prudence?) sur la version studio explosent sur scène: Alain Pire Experience live on stage, c’est comme un moteur qu’on débride après un long rodage, comme un marin qu’on lâche au port après trois mois de haute-mer. Ca fout un grand coup de pied au cul et une baffe dans la gueule, alors que tout est caresse et douceur sur la platine: à se demander si c’est le même APEx !
Etoffé ce soir de quelques SUCH A NOISE de derrière les fagots avec un zeste de Jimi Hendrix et un soupçon de Robert Johnson pour que le set tienne la distance, il n’ y a pas à dire mais il est des soirs où non seulement la surprise est au rendez-vous, mais la claque aussi. De bon augure pour la suite, tout ça: un nouveau power trio serait-il né…?!
Avec Alain en concert, il y a PIRE sur scène ! Ah ah ah ! on a dû la lui faire 1000 fois celle-là, mais jamais nous, alors hein bon… Il était une époque (révolue) où la musique n’était pas encore devenue un produit de consommation de masse. Elle n’était pas non plus vomie de manière virtuelle et dématérialisée où qu’on aille, où qu’on soit, quoi qu’on fasse, à tout moment et à toute heure du jour et de la nuit. A cette époque, les groupes qui perçaient n’étaient dès lors pas le fruit du hasard, ni l’oeuvre de manchots, ni de fils-à-papa ni de pistonnés de majors. Ni des bourrins mal dégrossis ou pas encore secs derrière les oreilles comme tous ceux qui encombrent aujourd’hui les réseaux, le net et les radios. SUCH A NOISE faisait partie de ceux-là, de ces groupes qui en avaient dans le froc. Et on peut encore dire ce soir, sans forcer le trait, qu’on n’a sans doute pas fait grand chose de mieux en Belgique ces dernières décennies dans ce créneau. C’est assurément le moment fort de cette soirée-anniversaire au cours de laquelle Alain PIRE décide de passer le cap des 3×20 entouré sur scène de ses groupes actuels, jeunes ou moins récents !
SUCH A NOISE, c’est un power-quatuor aux compos percutantes, entre les mains expertes de pointures inutiles de nommer ici – ce serait leur faire injure. C’est assurément LE concert de la soirée-quadruple shows qui retient le jubilaire plus de 3h30 sur scène en compagnie de ses comparses plus ou moins interchangeables se succédant au gré des formations qui s’enchaînent.
Effets 3×20 ou pas à mettre au passif de l’intéressé, toujours est-il que pas de pulvérisation de guitare ce soir sur les planches du Spirit: un concert de SUBSTITUTE qui ne se clôture pas en apothéose par My Generation et désintégration de guitare est-il vraiment un concert de SUBSTITUTE…? La question reste posée. La set-list mentionnait pourtant bien le titre, alors allez savoir si le vieux voulait se préserver les reins pour le reste ou quoi ou qu’est-ce…
Alain Pire Experience s’en suit avec un bien trop bref aperçu qui ne fait que nous donner l’eau à la bouche de ce que sera le prochain album de ce tout nouveau projet. Place enfin à ABBEY ROAD pour terminer en fanfare cette soirée. N’auront manqué ce soir sur les planches du Spirit que Michel Drucker Experience, Huy!, Les Révérends du Prince Albert, Flouze (avec ou sans Jo Lemaire), Burning Plague, etc. Mais il aurait alors fallu une nuit entière pour faire honneur à la prolixité de l‘animal. Pour ces 70 ans peut-être. Avec Alain sur scène, il y a Pire en concert disions-nous donc…
Intensities-in-two-cities : de retour dare-dare du concert du/de/des G4 à Bertrix (voir par ailleurs) pour rejoindre Bastogne, c’est de justesse que cette review du set d’ABBEY ROAD figure donc ici : it’s been a hard day’s night. Merci d’ailleurs, Docteur, d’annoncer au micro de manière un rien ostentatoire l’arrivée (pourtant discrète) d‘Intensities-in-tens-cities sur la scène de crime… Certains doivent encore probablement tenter de déchiffrer la teneur de cette annonce pour le moins subliminale. More serious, qu’est-ce qui ressemble plus à un concert d’ABBEY ROAD qu’un concert des Beatles (ou vice-versa, peut-être) ? C’est la raison qui motive sans doute la présence d’un public parmi lequel, il est à parier, aucun n’a vu davantage les vrais Fab Four sur une quelconque scène que le grand Jacques sur celle que foulent précisément ce soir nos faux Liverpooliens.
Il n’est pas facile de réinventer les Beatles chaque soir, mais c’est un exploit que réalise manifestement ABBEY ROAD en redonnant à chaque fois corps et vie (et âme) à des airs pourtant délavés par tant de passages en machine. A coups de Vizirette et d’autres enzymes plus ou moins gloutons, les couleurs des Beatles semblent presque retrouver plus d’éclat à chaque lavage, et la densité de la texture des tissus est comme plus vive après chaque essorage. C’est sans doute ça l’effet ABBEY ROAD : ravive les couleurs, retend les tissus, et pour un blanc plus blanc que blanc (comme l’album du même nom, for sure…). Le prochain concert d’ABBEY ROAD confirmera sans doute le constat que le calcaire est moins résistant qu’une Gibson rouge, qu’un programme à ultra-haute température n’est possible qu’avec un solide Marshall et qu’il y a tambour et tambour. Ou quand poudre à canon et poudre à lessiver ne sont en tous cas pas poudre aux yeux. it’s been a hard day’s night…
Dans la déjà courte histoire du band, 3ème montée sur les planches pour SUBSTITUTE… qui manque bien de les briser à l’instar de l’Alain "Pete" qui explose en fin de set sa guitare sur la dite scène : un grand moment d’énergie et de show pure rock’n’roll qui clôture un set des plus chauds. Oufti mazette !
Le public venu en nombre au Spirit ne s’y est pas trompé : et c’est au contraire en fermant les yeux qu’on se tromperait ! C’est en effet une belle et vilaine claque totalement WHO que nous assènent les Marshall poussés dans le rouge pour l’occasion. Back to the future : certes, un tribute band reste toujours une copie, mais on sait aujourd’hui que les copies couleurs ont parfois un meilleur rendu et plus encore de relief que l’original en noir & blanc. Et les meilleurs contrefacteurs trompent parfois le plus fin des experts…
Le contrefacteur sonne toujours quatre trois fois, avec SUBSTITUTE: un set en deux parties, un rappel puis un second. Avec une saveur surannée et old fashioned à la manière de la madeleine de Proust, qui me replonge en plein coeur d’une belle soirée où il m’a été donné en son temps de voir les WHO sur la scène de Forest National. Je peux désormais écrire que je viens de les voir une seconde fois, ce soir à Verviers…
Avec une setlist fort semblable à la dernière prestation namuroise et donc un peu de Huy ! à la clé, moments de grande jouissance encore ce soir. Quelques beaux et longs dérapages d’une Gibson dont le rouge, dans la pénombre des lieux, tourne au noir comme les braises rougeoyantes virent en cendres lorsqu’elles ont tout donné. Et une rythmique complice qui marie quatre cordes et deux baguettes, comme si elles articulaient un pantin guitariste dans le décor de Guignol. Cependant, assister à un concert sans appareil photo (…après avoir crashé le mien chez les Ruskovs la semaine dernière…) c’est un peu comme se retrouver sur la mainstage du Sziget et jouer unplugged : ça ne le fait pas ! C’est par contre l’occasion d’apprécier différemment la pulsion tribale d’une prestation de haute tenue, sans se soucier d’un cadrage tip-top ou du réglage au poil d’une luminosité par ailleurs trop faible ce soir pour travailler correctement de l’objectif comme d’autres travaillent du chapeau. Dommage néanmoins que l’acoustique des lieux ne se prête pas de manière optimale ce soir aux sonorités de Michel Drucker Experience – à moins qu’il ne s’agisse d’une balance par trop délicate à toiletter avec ces baies vitrées qui en ont entendu de belles…? Rideau, Maestro, ou plutôt stores…
Une vidéo de consolation, tournée au Sziget afin de boucler ce billet comme on l’a commencé. Non, ce n’est pas MDE en Hongrie, l’année prochaine peut-être ? Toujours enlever sa cravate avant un petit stage diving : à copier-coller dans votre navigateur http://www.youtube.com/user/Tensities10Cities#p/u/1/8XgQrwwgjTM