WYNDORF est un seigneur. Ses acolytes, des saigneurs.
Maintenant en ligne, les maîtres absolus du stoner rock (ascendant heavy space rock batârdisé psychedelic rock) en démonstration de force à Leuven – sold out @ Het Depot.
La référence absolue, incontestable et incontestée pour qui l’ignorerait encore: MONSTER MAGNET – ou qui aurait raté un épisode entre les ravages de la camisole de force et les effets de la cure de désintox…
Étiquette : Pendejo
Phénoménal ! MONSTER MAGNET est tout bonnement phé-no-mé-nal @ Leuven et nous emporte dans une véritable et folle chevauchée, nous entortille dans un sprint endiablé de Dieu le Père. C’est une course-poursuite contre le raisonnable, une hallucinante déferlante, une avalanche, un tsunami: comment décrire un show d’une telle intensité et d’une telle densité surtout ?!
Pas une seconde de répit ne ponctue le continuum des 65 premières minutes d’un set fondu d’une pièce, comme d’un seul tenant. MONSTER MAGNET déverse une coulée-continue dont on se demande quand et comment elle va prendre fin. De tous les shows du MAGNET que nous avons pu prendre dans les gencives, celui-ci est probablement encore un cran au-dessus de tous les autres.
Dave WYNDORF, irradiant, demeure au centre de toutes les attentions, tantôt dégainant plus vite que son ombre, tantôt distribuant les cartouches aux fins tireurs qui l’entourent. Mais que seraient ses comparses sans ce Space Lord hors-pair qui éructe ses ordres à une salle qui ne demande qu’à s’y plier, Motherfuckers?!
Une interruption qui nous semble aussi longue qu’un mois de Tournée Minérale ponctue le seul moment de répit de ce 1er set de ouf, avant un rappel aussi dense et lourd qu’une coulée de plomb en fusion. Mené tambour battant et volle gaz, cet encore conclura au bout d’une vingtaine de minutes de brain washing un set de quasi une heure et demi.
Comment en demander plus à MONSTER MAGNET qui a manifestement choisi l’intensité et la densité plutôt que la formule All You Can Eat où l’on fait durer le plaisir car on ne sait pas où le trouver ni comment le donner ? MONSTER MAGNET sort une fois de plus le grand jeu, comme à chaque tournée ou quasi.
Sans compromission, sans compromis, sans concession, MONSTER MAGNET assied sa domination, étale sa maestria et nous éclabousse chaque fois de sa puissance de feu. Sans se prendre la tête ni se monter le bourrichon, les gars continuent manifestement de prendre leur pied avec l’enthousiasme des premiers jours, avec le luxe de l’insouciance et avec la décontraction de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Ou de ceux qui ne se chauffent manifestement pas du même bois que nous pauvres charnels !
Dave WYNDORF et sa bande démontrent ainsi (sans conteste) qu’ils demeurent (sans contestation) les maîtres absolus de la formule stoner-space-heavy-rock psyché. C’est de la tête et des épaules qu’ils dominent la discipline, reléguant loin derrière eux leurs premiers challengers. Mais ce n’est pas seulement cet état de fait qui force l’admiration: le mérite de MONSTER MAGNET est aussi de se maintenir à ce top-niveau depuis des lustres, sans jamais nous décevoir ni sur platine ni sur les planches, et en dupliquant une formule qu’ils parviennent néanmoins à renouveler systématiquement on ne sait trop comment.
PENDEJO en 1er opening act confirme l’excellentissime bonne surprise que la band nous avait réservée il y a quelques années déjà. Un second cuivre vient aujourd’hui renforcer encore cette alliance de heavy cuivres aussi originale que diantrement efficace, didju ! De quoi rendre plus banale et plus terne encore la prestation sans grand intérêt de TABLE SCRAPS en tant que 2ème opening band.
C’est un Entrepôt tristounettement empli qui accueille en clôture de ces Aralunaires 2013 les chefs de file de la métallurgie belge. Mais avant d’être le réceptacle des bruyants Flamands de CHANNEL ZERO, les locaux de 15009 ZOREK débutent sur le coup de 20 heures avec une prestation ma foi fort, fort bien agréable, teintée de lourdeur, de lenteur et d’effets reverbs du plus bel effet. Un bon noise rock sobre et efficace autrement dit, sans nous bassiner avec d’inutiles fioritures de petits jeunes et sans nous gaver d’esbroufe ni de tape-à-l’oeil sauce débutants – comme si ces trois gars n’avaient plus rien à prouver. Et de fait, peut-être n’ont ils plus rien à démontrer tant ce set sobre à l’excès est tout sauf dépouillé. La force tranquille de l’effet annoncé pâté gaumais est bien là : un gros son, des riffs hypnotiques et des infrabasses. Que demande le peuple ?!
PENDEJO prend le relais, quatuor de barbus sud-américains déjantés exilés à Amsterdam, sans doute en quête d’exotiques hallucinogènes. D’entrée de jeu, ils nous la jouent directos space cake avec un ours comme qui dirait mal léché qui déboule sur les planches armé de deux brûleurs d’encens à bout de chaînes et de bras qui embaument immédiatement les premiers rangs. Quand on parle space cake, on n’est pas loin du compte.
Sacrément efficace et bien enlevé comme show, avec une trompette des plus dissonantes a priori mais qui s’avère finalement parfaitement en phase avec l’ambiance et contribuant magistralement à cette débauche de sons plus torturés les uns que les autres. Ce qui s’ajoute à un peu d’anglais mâtiné de français entre les morceaux chantés en espagnol. Caramba! en voilà deux sets décoiffants et deux très agréables surprises bien désarçonnantes de par une approche pour le moins originale et relativement novatrice à bien des égards. Encens d’or à PENDEJO – la gifle de la soirée – et reverbs d’argent décerné (très) haut la main à 150009 Zorek. Mediator de bronze pour les Flamoutches…
La tête d’affiche de de la soirée s’avère quant à elle plus conventionnelle, plus rentre-dedans peut-être mais sans nous prendre à contre-pied. L’effet-surprise en moins donc, CHANNEL ZERO reste un rouleau compresseur efficace et basique, lourd et bien emballé. Les clichés visuels et la bande-son des Flamands sont cependant d’une banalité presque décevante et d’une platitude limite terne comparativement au caractère subversif, décalé et enlevé des deux combos précédents. Rien à jeter néanmoins dans CHANNEL ZERO : ça continue à le faire méchamment, mais le petit-quelque-chose-qui-fait-que en moins. Si le contraste est flagrant ce soir, c’est peut-être un signe que, dans la durée, faudrait-il veiller à vous renouveler et à ne pas vous reposer sur vos acquis, les gars. On se bouscule au portillon derrière vos 20 et des ans de bouteille comme on se bouscule à vos pieds quand l’heure est au pogo. Belgium, one point.