Etrange, tous ces groupes anglo-saxons qui scindent leur UK de leur European Tour, à l’instar d’ ANATHEMA tout fier d’annoncer au public que cette date à la Kufa de Esch est leur première date européenne alors qu’ils viennent de terminer leur UK Tour. Mais soit, nous ne serons jamais des insulaires. Encore tout auréolés de leur 3 nominations au Progressive Music Award 2014 et d’une récompense effectivement décrochée, ANATHEMA nous balance la crème de leur crème près de deux heures durant.
Pour les amateurs de guitare qui gratte, il manquera toujours ce petit quelque chose, ce dérapage, ce délire, cet envolée, cette explosion, ce clash qui fait qu’un ANATHEMA ne sera effectivement jamais qu’un Porcupine Tree de seconde catégorie. Et c’est sans doute mieux ainsi, vu qu’avec Steven Wilson à la production déjà, il ne manquerait alors plus que lui et sa gratte sur les planches pour que le tableau passe d’un Chagall à un Van Gogh.
De projet doom metal initialement, ANATHEMA est devenu au fil du temps plus atmosphérique, plus progressif, plus aérien – un peu trop peut-être, du moins sur la durée d’un set complet. La formule semble cependant tenir manifestement la route alors que le band reste a contrario un habitué des programmations et scènes disons plus couillues et plus graisseuses (Hellfest & Cie). La démonstration de ce soir reste donc quant à elle empreinte de toute la douceur qui sied, face à un public en phase mais qu’il restera cependant difficile de catégoriser entre doux, amorphe et inerte. Ou subjugué peut-être? Le "Are you still there ?!" lancé par Calaghan en milieu de set pour sortir le public de sa torpeur lève néanmoins un coin du voile…
MOTHERS’CAKE fait office de parfaite mise en bouche, ici à Esch comme pour toute la tournée européenne d’ANATHEMA. Enfantés de Grand Funk Railroad, ils ont dû téter du Primus à la maternité avant d’avoir les Red Hot comme nurse. Si ce n’est pas ça, c’est néanmoins une excellente maladie.