Entre odeurs de barbecues et vapeurs de haschisch, entre émanations de pains-saucisses et saveurs de bières fraîches, les 13 heures de Boogie Town de Louvain-la-Neuve sont fidèles à elles-mêmes. Sous un soleil de plomb au rendez-vous, la pelouse est jonchée de corps inertes et de gobelets vides – un festival comme un autre. Sous la tôle ondulée du Tennis Club du Parc, les décibels sont aussi au rendez-vous. La claque du jour s’appelle Big Sugar, en provenance de Toronto. Un impressionnant mur de Marshall, dressé après la prestation d’Omar & the Howlers qui le précède sur l’affiche, annonce la couleur. Et quelle couleur ! Avec Gordie Jonhson – alias Big Sugar – ça chauffe très méchamment dès le premier accord saluant leur entrée sur scène. Effet presqu’immédiat et surtout révélateur : à la première disto qui troue et déchire le brouhaha ambiant du hall, la grande foule reflue vers le soleil et l’herbe à l’extérieur, d’où les décibels semblent plus supportables ! Le reste du concert sera du même acabit. Ce blues graisseux teinté d’harmonica, syncopé de rythmes reggae et entrecoupé de riffs distorsionnés, est vraiment pour moi LA révélation du jour! A souligner auparavant, la superbe prestation de Lester Buttler, l’homme aux tatouages, pour qui ce doit être la dernière prestation scénique : il meurt trois jours plus tard, victime de l’overdose de trop au moment de reprendre son avion pour l’Amérique. Est-ce son dernier concert, ou a-t-il eu le temps de se produire une ultime fois le lendemain ? RIP… Steppenwolf nous balance son Born to be Wild en plein milieu de son set alors qu’on l’attendait intuitivement à l’occasion du rappel – ce qui enlève dès cet instant tout intérêt à attendre la fin de son show, de moyenne qualité de surcroît. Jimmy Vaughan, bouclant cette journée de bonheur, parvient presque à nous faire oublier son frère – et ce n’est pas peu dire. Qu’est-ce qu’il doive s’offrir comme gig là-haut, au paradis des rockers… !