Un mur de Marshall gainés de blanc, aussi suggestifs qu’une mariée habillée d’un cuir de même teinte : ça continue à le faire, mais la surprise en moins au fil des tournées. N’empêche, ça en jette. Par contre, nonante minutes de concert (rappel compris !) ça, c’est tout à coup nettement moins rock’n’roll. Et si l’on retire les inévitables 75 minutes d’incontournables hits – sous peine sinon de décevoir 90% de l’assemblée – cela ne laisse que très, très peu de temps pour présenter un show qui se risquerait à sortir des standards et des sentiers battus et rebattus.
STATUS QUO reste ainsi prisonnier d’une prison dorée que le band s’est lui-même construite à l’insu de son plein gré et dont il se refuse à écarter les barreaux, encaqué qu’il est dans une formule certes toujours efficace mais qu’il pourrait renouveler pour entamer son second demi-siècle. Sans doute est-ce là la rançon de cinq décennies de succès intemporels autour d’une formule à trois accords, STATUS QUO cherchant toujours le quatrième !
Millimétré comme du papier à musique et mis en musique comme du papier millimétré, un concert de STATUS QUO ne réserve plus de surprise mais reste toujours aussi entraînant et frais, toutes générations confondues – et il y en a ce soir au Brielpoort van Deinze, des générations de chevelus et de dégarnis, de mamies et de midinettes, toutes et tous peu ou prou headbangers ! La bande au Francis ROSSI, si elle n’a pas découvert l’élixir de jeunesse, a en tous cas déniché la formule qui permet de ne pas (se sentir) vieillir – et de se faire des amis autochtones : "Que ceux qui comprennent l’anglais lèvent la main, car on ne parle pas vraiment flamand chez nous en Angleterre…" (!).
Traditionnelle question qui me (re)vient à l’esprit : si Beethoven, Mozart ou Bach avaient connu les bienfaits de l’électricité, se partageraient-ils la couverture des magazines estampillés classic rock avec STATUS QUO ? Avec, comme ce soir, la caisse vintage de leurs guitares usées jusqu’aux quatre ou six cordes…