Bonnie RAITT, The WATERBOYS, Toby LEE, Sam BETTENS – Gent Jazz Festival, 5 juillet 2025

Nous nous apprêtions à regagner nos pénates peu avant minuit après l’électrisante performance des WATERBOYS tout en savourant une dernière Omer quand tous nos sens sont alertés – et ce n’est pas peu dire – par les écrans qui retransmettent dans la salle de presse, vidée de ses occupants à cette heure tardive, le dernier set de la journée. Celui de Toby LEE.

Un changement de plan de dernière minute s’impose à nous: direction fissa la Garden Stage pour ne pas rater une miette de plus du show de ce gamin de 20 ans, jeune prodige et révélation de la gratte blues-rock qui revient d’ailleurs tout juste de Glastonbury – excusez du peu. Adoubé par Bonamassa himself et élu parmi les élus chez Gibson pour devenir ambassadeur de la marque, ce Toby LEE nous livre un set décapant à la Walter Trout mâtiné d’un zeste d’Eric Steckel., manière de situer le gamin qui fait montre d’autant de talent que d’énergie, d’autant de créativité que d’électricité, d’autant de génie que de toucher.

Quant aux WATERBOYS, Mike Scott et sa bande nous ont servi sur un plateau d’argent le set que nous attendions sans trop l’espérer. En délaissant quasi tout le répertoire folk du band, The WATERBOYS ont déroulé une set-list la plus électrisante et la plus électrique qui soit, évoluant ainsi ce soir dans un répertoire et un style inspirés du meilleur qu’aurait peu faire au sein d’un supergroup Neil Young et Tom Petty réunis.

Une heure et quinze minutes (pas plus) d’un concert haletant mais sans le moindre rappel, magnifié par une version à rallonge parfaitement démente, totalement déjantée et complètement hallucinante de The Pan Within. Continuant à ferrailler ferme et à dépoter grave, Mike Scott s’efface progressivement de l’avant-scène pour rejoindre et surtout renforcer la section rythmique et laisser le champ libre à une passe d’armes entre les deux keyboards qui se font face avant de terminer à quatre mains sur un seul clavier dans un final tout simplement catacly(si)smique.

Sam BETTENS (né(e) Sarah Bettens) a le privilège d’officier par deux fois sur la Garden Stage avec un double set à la sauce country-americana débordant de fraîcheur et d’une honnêteté viscérale. Ayant grandi à Anvers, mais façonné(e) par quinze années passées dans l’est du Tennessee, Sam transpire l’authenticité de la vraie musique roots et country. Son passage du rock alternatif de K’s Choice à l’americana est une réussite parfaite, une reconversion réussie qui respire un road trip au volant d’un Mustang entre Nashville et Memphis un verre de whisky à la main (… don’t drink and drive).

Bonnie RAITT termine quant à elle sa tournée européenne au Gent Jazz Festival, et avoue ne pas être pressée et même redouter son retour aux States où elle confesse ne pas porter dans son coeur un certain Donald (à moins que ce ne soit Picsou ?). Chassez le militantisme, il revient comme un cheval au galop. Nous n’imaginions pas pour notre part que son blues-roots-country drainerait un public aussi nombreux de fidèles sexa-septua-octogénaires. Carton plein donc sur la mainstage dans une salle pleine comme un oeuf où, contrairement à ce qu’elle lance, Bonnie RAITT ne semble pas la plus âgée de la salle. Du haut de ses 75 ans (et demi), son toucher à la John Lee Hooker demeure impeccable pour un set sans faute empreint de simplicité, d’authenticité, de spontanéité et de fraicheur. Une grande dame à l’affiche d’une bien belle soirée en définitive pour jeunes guitaristes de 20 à 75 ans….

Now online : Nile RODGERS @ Gent Jazz Festival – 15 juillet 2024

Je ne sais pas vous, mais pour nous s’il fallait faire le choix d’un producteur, ils ne sont pas beaucoup à figurer sur notre liste de ceux à contacter. Et d’ailleurs, on ne dispose pas ses coordonnées, donc l’affaire est emballée – d’autant plus qu’on n’a rien à lui faire produire non plus ! Ceci dit, c’est quand même quelque chose de se retrouver face à ce king du showbiz, face à une telle légende au palmarès inégalé et pas de sitôt égalable en termes de hits mondiaux. Maître absolu du dance-floor, Nile RODGERS n’a pas fait que marquer les esprits au Gent Jazz Festival 2024, il a aussi marqué les corps. Comme il a marqué ces dernières décennies…

Now online et toujours dans notre GALERY Intensities in 10s Cities : From Backstage to Frontstage, All The World Is A Stage. Et, as usual, pas de chipotage ni de bidouillage avec les photos comme vous en voyez partout ailleurs. Non: ici, c’est NO f*cking Photoshop. NO damn Ligthroom. NO bullshit RAW format. NO holy crap numeric nor digital overdub. NO a.i. feature (artificial intelligence sucks) : ONLY pure one-shot JPEG. Parce que shooter live, c’est comme le real rock’n’roll: c’est brut de décoffrage et surtout ça doit le rester.

Nile RODGERS @ Gent Jazz Festival, 15 juillet 2024

Chaque ville que Nile RODGERS visite doit se transformer, c’est certain, en le plus grand dance-floor du pays. Et Gent-St-Pieters ne doit pas faire exception à la règle. Nile RODGERS au Gent Jazz Festival 2024, c’est un peu comme Deep Purple ou Motörhead ou Rory Gallagher au Montreux Jazz Festival : des prestations et de la dynamite qui marquent, ont marqué et marqueront les esprits de longues années ou décennies durant.

Bonnet noir mais tout de blanc vêtu, Nile RODGERS attaque la scène à 21h00 pétantes par un explosif « Le Fric, c’est Chic » qui annonce directement la couleur et met tout le monde au diapason. Entouré de deux claviers, flanqué de deux cuivres également, secondé surtout de main de maître par ses légendaires batteur (Ralph Rolle) et bassiste (Jerry Barnes), ses deux choristes black tout de blanc moulées l’entourent tantôt langoureusement, tantôt et le plus souvent énergiquement : une symbiose parfaite à la chorégraphie millimétrée et à la synchronisation rodée par des dizaines ou des centaines de shows.

Leurs déhanchés rythment les déplacements de Nile RODGERS qui ondule comme un serpent sur les accords qu’il nous sort de sa Fender au bois usé et patiné par les années. RODGERS a toutefois décidé de se la péter quelque peu ce soir en nous déblatérant son CV, ou à tout le moins de faire étalage de tout son génie conceptuel pour qui ignorerait qui est ce vulgaire plagiaire qui nous balance à qui mieux-mieux du Madonna, du Cindy Loper, du David Bowie, du Sister Sledge, du Diana Ross, du Duran Duran, du Daft Punk ou encore – bien sûr – du Chic. Non sans à chaque morceaux nous narrer quelques anecdotes remontant à l’enregistrement avec untel ou survenues lors de la composition avec unetelle.

Oui, Nile, tu es un grand monsieur du show-biz, tu es un producteur comme il y en a peu, un compositeur hors-paire que beaucoup s’arrachent, mais inutile de nous étaler toutes tes collaborations et l’étendue presqu’infinie de tes réussites. Si on est ici face à toi, c’est qu’on sait qui on vient voir et ce qu’on vient chercher : du funk, de la soul, du disco, du rythm’n’blues et de la Motown – bref : ce qui a façonné de manière indélébile le paysage musicale de ces dernières décennies que tu as marquées de ta griffe si particulière, de ton son inimitable, de ton toucher comme nul autre pareil.

Rarement d’ailleurs a-t-on vu des retours installés expressément pour que les quelques rares guests en backstage en prennent plein les oreilles et se trémoussent eux-aussi le popotin: c’est dire l’étendue du dance-floor ! 90 minutes de show, pas une de plus : tout le band salue longuement et chaleureusement la foule avant de s’en partir stage left, tandis que le boss, le Roi Rodgers s’est fait un peu plus rapide en filant tout seul stage right. Le Gent Jazz Festival et son affiche aux 100 noms a frappé fort ce lundi soir, et au détriment assurément de tous les clubs, de toutes les boites et de toutes les discos de la région, for sure. Et mention spéciale aux organisateurs pour leur press-room au wifi aussi performant que bien rempli d’Omer était le frigo à disposition…