ELDER ne fait pas recette ce soir à la KuFa, au point que le band est relégué dans la petite salle qui jouxte la scène principale, celle-là même qui fait habituellement office de bar. Bas, très bas de plafond – et même trop bas – les murs sont également trop étroits pour contenir la déferlante sonore que nous balancent les gars du Massachusets dès le sound-check qui annonce la couleur : wall of sound. Et un mur du son c’est encore peu dire, trop peu dire face à cette déflagration qui perdurera 85 minutes durant, comme une pluie ininterrompue de drones à sous-munitions qui chatouillent les tympans au marteau piqueur après avoir percuté de plein fouet la cage thoracique.



Ce véritable tsunami nucléaire n’est cependant entaché d’aucune (aucune !) saturation sonore : le son cristallin et limpide que déverse une sono irréprochable est clair et pur comme de l’eau de source, de celle qui te fracasse le crâne sous une cascade de 300 mètres de haut. Une eau vive, très vive et fraiche dotée d’une force de frappe de celle qui forge le paysage et creuse les canyons. Un effet destructeur sans nul pareil à l’image de cette perle sonore dénommée LORE, galette de néo-prog-stoner-métal jouée en intégral à l’occasion de ses 10 ans. ELDER en faisant la majeure partie de son set, cet album performé dans son intégralité prend une dimension plus démoniaque encore sur scène, plus cataclysmique et plus apocalyptique encore que sur platine.



Les longues plages complexes et quasi instrumentales, essence primale de l’album, sont fidèlement reproduites au prix d’un véritable tour de force auquel nous avions hâte d’être confronté. Et soudainement, LORE revêt une toute autre profondeur, une toute autre dimension décuplée par une démesure sonore que renforcent paradoxalement une mise en scène et un jeu de scène dès plus sobres. Mais avec une perle d’une telle puissance et complexité délivrée avec une telle force de frappe, le décorum ne serait que superflu : ELDER le laisse à ceux qui n’ont rien d’autres à proposer…



