(Vendredi 6 juin 2014, jour 2 de 3). Le Sweden Zoo comporte suffisamment d’allées que pour varier les espèces animales offertes à la vue et à l’ouïe. Optons dès lors pour les races de notre choix dont les mœurs musicales – notamment – sont à observer de plus près dans leur habitat naturel, ou quasi. Sociologie, musicologie, zoologie ou anthropologie (voire zythologie?), les nuances sont ténues en ces circonstances festivalières. Mais rien de tel pour bien commencer la journée que piquer une tête dans la mer pour se décrasser d’une courte nuit passée dans cette pinède jouxtant la plaine du festival, et pour se remettre les idées en place en vue de notre étude.
Un ciel bleu et un soleil radieux laissent présager d’une journée-massacre. Et de fait, il n’est pas encore midi que la franche tuerie débute pour se terminer 14 heures plus tard par la prestation (franchement très) dispensable de UDO en guise d‘after. Après la Swedish National Day Celebration de 11h00, les locaux de TALISMAN et les nanas de THUNDERMOTHER ouvrent les hostilités: les premiers se la jouent m’as-tu-vu et les secondes jouent leurs bonnes Girlschool, ni plus ni moins. Mais si le cuir est taillé à l’identique, certain que leurs poitrines valeureusement mises en valeur sont sans doute plus fermes que celles des Anglaises aujourd’hui. Passons sur les Américains de SKILLET, jetons un oeil sur les joyeux fanfarons d’ELECTRIC BANANA BAND et sur leurs compatriotes de Q5 qui se produisent sur la mainstage, pour préférer nous adonner à ROCKKLASSIKER ALL STARS BAND. Avec notamment Mikkey Dee aux drums, c’est avec un (presque) parfait Ace of Spade qu’il semble saluer notre arrivée face à la petite scène.
Le morceau de résistance de notre après-midi s’appelle Monsieur Joe BONAMASSA. 1h30 de classe et de doigté, le tout présenté dans un emballage cadeau qui prend la forme d’une sono parfaite et puissante. Son jeu est à l’image de son costume gris-bleu même pas froissé, de sa chemise tirée à quatre épingles et de sa coupe proprette : classe et net, notre dandy. Même qu’il serait un peu plus sale dans son jeu que cela pourrait presque s’approcher de la perfection. Jusque dans ses rafraichissements, BONAMASSA se la joue clââââsse, dégustant son Bordeaux dans un élégant verre à pied tandis que le bas-peuple de ses congénères se vautre dans la bière ou le Jack Daniels (voire pire par ces chaleurs : se noie dans l’eau).
4 jours, 5 scènes, 87 bands: on ne peut tout faire. Ce vendredi 6 juin 2014 est effectivement un remake meurtrier du jour le plus long, 70 ans précisément après un autre tout aussi bruyant. CANNED HEAT, fidèles à eux-mêmes, nous réservent d’agréables moments au même titre que les gusses de KAMELOT, pour le moins plaisants. WASP réussit même à nous surprendre positivement en toute fin de journée alors que nous les avions snobés à leur meilleure époque, avant de faire place nette pour la tête d’affiche du jour…
Avec 6 minutes de retard, c’est dans une tente-presse pleine comme un oeuf que déboulent Ozzy suivi de près par Tony puis par Geezer devant un aréopage de journalistes, cameramen et autres photographes. Ozzy semble particulièrement détaché du présent contexte, comme comprenant difficilement les questions auxquelles il ne répond d’ailleurs que brièvement ou en tous cas en en faisant très peu cas. Certes, les questions qui fusent sont d’une réelle, affligeante et sidérante banalité, et d’un abyssal anecdotisme – on comprend mieux pourquoi ces conférences de presse sont la bête noire de nombreux…
Butler aurait d’autres préoccupations plus importantes que rencontrer cette meute de beaufs que cela ne nous étonnerait pas. Ozzy se demanderait encore ce qu’il fait assis là que cela ne nous surprendrait pas non plus. Seul Iommi semble attacher un minimum de considération aux questions qui leurs sont posées, tout en leur réservant néanmoins des réponses on ne peut plus concises et brèves. D’entrée de jeu et avant même que le band ne pénètre dans l’antre surchauffée, les consignes édictées par le Press Manager du festival étaient claires : pas de questions à Iommi au sujet de son état de santé, pas d’interpellations d’Ozzy au sujet de la famille Osbourne (femme ou enfants), etc. En clair: only and only questions about Black Sabbath music. C’est vrai qu’en 6 minutes chrono, peu de place est laissée à d’autres sujets: un simulacre de conférence de presse ?! Qu’à cela ne tienne, le moment est suffisamment unique que pour être apprécié à sa juste valeur. Dommage qu’aucune question n’ait cependant abordé la récente et énigmatique petite phrase de Iommi parue dans la presse anglaise, envisageant que leur prochain concert à Londres pourrait être une belle manière de refermer définitivement le livre Black Sabbath…
Les « I can’t fucking hear you » lancés traditionnellement par Ozzy depuis le backstage annoncent l’entrée du band sur scène en cette fin de soirée. Show parfait, fortement semblable (voire identique?) à celui auquel il nous a été donné d’assister à Amsterdam il y a 6 mois. Ni plus, ni moins. Ozzy semble comme revenu à la vie et les deux pieds sur terre depuis la rencontre de cet après-midi. Butler tronçonne sa quatre cordes dans son coin comme à sa bonne habitude, semblant de rien. Sir Iommi nous la joue classe et sobre à l’instar de celui qui n’a – effectivement – plus rien à prouver. Seul Tommy Clufetos nous en met à nouveau plein la vue. La puissance et la richesse de son jeu semblent avoir encore gagné en maturité et en efficacité ces derniers mois. Mais jusqu’où nous surprendra-t-il encore, cet impressionnant gamin ?! Puis, il est comme qui dirait en famille ici sur le festival, après avoir déjà officié par le passé pour Rob Zombie, Alice Cooper et Ted Nugent tous présents ! La tête d’affiche de cette seconde journée a tenu toutes ses promesses – le Sabbath peut s’en repartir satisfait du travail accompli, la plaine se rendormir, et les campings de poursuivre bruyamment les festivités jusqu’au petit matin. Another Perfect Day, comme dirait Lemmy…
–> A SUIVRE… TO BE CONTINUED… A SUIVRE