SJOCK Festival, Your R’n’R Highlight of the Year, clame la publicité. Et elle n’a pas tort, la bougre !
Festival de musique alternative depuis 1976, le SJOCK est depuis toujours chevillé par et à l’initiative de bénévoles et de volontaires, à l’origine issus du club des jeunes de Gierle. Depuis plus de 40 ans, l’événement est devenu au cours de toutes ces années un festival atypique en optant consciemment pour une affiche rock & roll au sens premier du terme.
Lieu de rencontre du rockabilly, du psychobilly, du punk, du roots, mais aussi et surtout du garage, les crêtes épaisses et colorées côtoient tatouages, bas érotiques, décolletés et autres Turbojugend. Ce qui a commencé sous le slogan « Eén Podium, één Feest » est devenu avec le temps « 1 festival et 3 scènes ». Depuis 2015, les groupes sont en effet répartis sur la Main Stage, sur la Titty Twister abritée sous le marquee et sur la Bang Bang Stage. Et que du beau monde à nouveau cette année pour arpenter ces planches…
Sur les plus de 7 milliards d’habitants sur terre, seulement 7 se sont vus l’insigne honneur d’être gratifiés du surnom de RAMONE. Si quatre d’entre eux sont partis jammer la-haut dans le ciel, il en demeure toujours trois ici-bas, Dont un ce vendredi soir au SJOCK Festival: CJ RAMONE.
The BARSTOOL PREACHERS prêchent la bonne parole sous le marquee avec un message punk qui nous vient en droite ligne de Brighton UK, après que FLOGGING MOLLY ait mis la mainstage à sac. Leur fusion toute particulière entre le folk traditionnel irlandais et un punk-rock bien abrasif est vite lassante, manque de rugosité et de renouvellement pour qualifier leur show de passionnant de bout en bout. On s’en lasse rapidement vite pour peu qu’on n’en soit pas un inconditionnel, ce qui est manifestement notre cas.
FLOGGIN MOLLY nous laissera toutefois un souvenir impérissable de ce SJOCK 2019, mais pas exactement sur scène. Toute fin de soirée, nous déambulons au milieu de l‘Artists Village – un nom un peu pompeux pour qualifier de la sorte le « village » de containers et autres loges en dur (les vestiaires de ce stade de foot) servant de dressing rooms aux différents bands. Nous passons alors devant devant la loge FLOGGING MOLY, sans faire attention à Dennis Casey attablé à un mange-debout planté sur la pas de la porte.
Il nous interpelle avec de grand signes nous faisant montre de le rejoindre, n’ayant manifestement pas envie de terminer cette longue soirée seule devant sa Guinness – qui n’est pas sa première, loin s’en faut. Nous invitant à trouer la nuit en sa compagnie, il nous indique le gros frigo Coca Cola installé dans la loge afin que nous allions nous y servir. Il ne reste plus qu’une Guinness – et pour cause… – et quelques Corona. Il ne nous en faut néanmoins pas plus pour passer un bien agréable moment à refaire le monde avec lui, seuls autour de ce mange-debout a grignoter chips et autres saloperie, bières en main, dans la douceur de la nuit déjà bien avancée…
Mais tout a une fin, et un de ses roadies finit par nous rejoindre, manifestement mandaté par le crew pour venir rechercher la brebis égarée du troupeau déjà parti de bonne heure se coucher. Le planning affiché sur le frigo renseigne en effet que la nuit sera courte et que longue sera la journée de demain avec une prestation en tête d’affiche du Bospop Festival…
Le gutterbully punk-rock de The GODDAMN GALLOWS vire plutôt au hobocore gypsy-punk (selon les spécialistes que nous ne sommes pas) dans une effusion et une éruption d’improbables riffs où se mêlent accordéon, banjo, mandoline et wahsbord à la sauce Marshall survitaminée. De quoi se mettre idéalement en jambe(s) pour la prestation de The HIP PRIESTS, autoproclamés (en américain dans le texte) the biggest dick in rock’n’roll who flaunt their swagger like Puffball spores in a storm…
Et pour en rajouter une couche, toujours selon les très inspirés HIP PRIESTS excellant dans l’art de parler d’eux-mêmes: The inbred, oversexed, white trash bastard sons of Iggy P., Johnny T., Lemmy & Handsome Dick. A glorious mess of souped up, lubed up, fucked up, low rent, hot assed anthemic garage punk & roll. The Righteous King Rockers of in-your-face rock’n’roll bukkake. If this is full of bullshit, we fuckin’ love it and you’re never too late to get on board !
BOOZE & GLORY prend la relève pour maintenir haut le flambeau de la scène punk anglaise royalement représentée sur la mainstage avec, cette fois, une Fender Jazz Bass poussée dans ses ultimes retranchements. Aurait-on l’idée de se lancer sur les pistes du Paris-Dakar au volant d’une Bentley…? BOOZE & GLORY, oui. Quelque chose à ajouter peut-être ?!
La carte de visite d’ELECTRIC FRANKENSTEIN (que nous découvrons) fait référence aux Stooges, à MC5, aux Dead Boys, aux NY Dolls ou encore aux Damned. C’est sans doute quelque peu ambitieux et un brin prétentieux eu égard à un band qui n’a quand même pas la consistance ni la rugosité de ses maîtres à penser. Sur les routes depuis plus de 25 ans, il en est toutefois le digne mais très modeste héritier.
Si GLUECIFER a déjà incendié le SJOCK il y a 19 ans parait-il, les Norvégiens reviennent pour cette fois achever leur forfanterie de pyromanes, tels une horde de brigands revenant sur les lieux de leur méfait. Nous avions une fois par le passé déjà affronté leur puissance de feu en première partie de MONSTER MAGNET en 2004 à l’Ancienne Belgique. Pour 16 €… La mainstage du SJOCK est désormais comme nous, marquée au fer rouge…
Avec The HELLACOPTERS, c’est comme si le rock’n’roll était à nouveau redevenu fun, dangereux et flamboyant avec un garage-rock qui transpire l’enthousiasme et la simplicité bonne-enfant. Stop talking, start screaming, continue drinking and hail the Saviors of R’n’R !! éructe le présentateur annonçant l’arrivée du band sur les planches. What else ?!
Pendant ce temps, derrière le rideau noir qui sépare le backstage des feux de la rampe, nous assistons au spectacle des Suédois qui s’étreignent une dernière fois, comme s’ils partaient au front pour ne jamais en revenir. Ils ne font pourtant « que » se préparer à affronter la mainstage en leur qualité de tête d’affiche, et à réinventer le r’n’r.
Ni plus, ni moins. Long live rock’n’roll…!