Avec 60 spectateurs éjectés d’un concert la semaine dernière car peu scrupuleux de l’interdiction totale de prendre le moindre cliché, A PERFECT CIRCLE et son inénarrable porte-parole Maynard James Keenan n’ont pas fait dans la dentelle. Et les annonces sonores répétées qui tournent ce soir en boucle au même titre que les avertissements placardés un peu partout dans la Rockhal, ont l’avantage de ne pas laisser planer le moindre doute à cet égard pour qui oserait dégainer son smartphone. Argument avancé: ne pas gêner les spectateur derrière soi et profiter du moment présent. Tout à leur honneur, pour peu que c’en soit la véritable raison…
Et là, là nous en doutons quelque peu: les sept chanceux photographes que nous sommes, seuls à faire exception à l’interdiction, sont parqués dans l’enceinte de la table de mixage, bien loin du frontstage. Seuls les deux premiers morceaux (au lieu des trois habituels) nous sont royalement offerts pour tenter d’exploiter au mieux cet appréciable passe-droit. Mais c’est sans compter sur la vicieuse stratégie d’A PERFECT CIRCLE de jouer ces deux premiers morceaux dans une pénombre quasi totale.
God damned, faits comme des rats !
Comme pour en rajouter encore à la perfidie ambiante, la première note du troisième morceau est tout à coup le théâtre d’une débauche lumineuse sans pareille alors que nous remballons notre matos sous l’oeil vigilant du security-staff. Sacré Maynard James Keenan, tu ne feras donc jamais les choses comme les autres, et tu te riras toujours du formalisme ambiant, jusqu’à pousser le vice à en jouer.
Serions-nous ainsi condamnés à ne jamais être en mesure de te tirer le portrait, ô TOOL Grand Prêtre ? La dernière fois, ici-même il y a deux ans déjà, tu te dissimulais derrière le masque estampillé PUSCIFER alors que tu évoluais au sein de ce si parfait projet . Aujourd’hui, c’est avec ton second side-project A PERFECT CIRCLE où tu irradies à nouveau de ton art pour en mettre plein les oreilles aux 5.500 fans qui ont fait le déplacement jusqu’à cette désormais sacrée Rockhal.
Au sein d’une formation légèrement remaniée, James Howerdel fait désormais équipe avec James Iha (ex-SMASHING PUMPKINS) mais c’est bien la patte de Maynard James Keenan qui transpire de chaque compo. Un brin de PUSCIFER, un zeste des SMASHING, une dose de TOOL: la formule A PERFECT CIRCLE porte admirablement bien son nom. Ne nous reste plus qu’à espérer pouvoir tirer un jour le portrait de Keenan au sein de son vaisseau amiral, TOOL: l’une des plus grandes énigmes et l’un des plus grands mystères du rock’n’roll. Un jour, qui sait? Un jour peut-être. Ou sans doute jamais.