Par un beau 04 novembre 2018 à Den Atelier, un duo tueur, couple complice, revient au devant de la scène: Bernie & Nono…
… from Backstage to Fronstage, all the World is a Stage – y compris à domicile ou quasi, bien que le Limbourg ne soit quand même pas notre terroir profond. Nos premiers pas dans ce célèbre Limburghal de Genk nous laissent néanmoins l’impression de débarquer dans une grande kermesse flamande bien bordélique à tous points de vue. Ce grand foutoir est à ce point inorganisé qu’on se retrouve ni plus ni moins backstage au milieu des roadies alors que nous cherchions à rejoindre tout simplement le guichet "Press" pour y retirer précisément notre backstage pass.
Toujours est-il: maintenant en ligne, un impérial John CALE ô combien efficacement entouré, un incomparable John WATTS aux commandes de son vaisseau-amiral FISCHER-Z et un tout bonnement flamboyant Wayne KRAMER accompagné d’un explosif MC5 / MC50 de légende…
… VIVE LA FETE qui n’a jamais aussi bien porté son nom avec un son plus lourd que jamais, GANG of FOUR plus destroy de matos qu’on ne pourrait l’être en 2018. Quant à se demander si COCAINE PISS porte bien son nom ou pas…
Voyons tout ça dans le détail, en ce compris nos sacrés FUNERAL DRESS et autres RED ZEBRA mais avec un foutu focus sur notre iconique Wayne KRAMER...
On peut vous faire une confidence? Hé bien ce soir, MONSTER TRUCK a enterré BLACK STONE CHERRY les pieds en avant. Ce concert des quatre du Kentucky au Trix est notre troisième de cette année 2018, après la KuFa en juin dernier et puis leur prestation sur la mainstage du Graspop le surlendemain. Mais si chaque prestation de BLACK STONE CHERRY nous séduit davantage encore que la précédente, MONSTER TRUCK qui officie en première partie les enterre cependant bel et bien. A tout saigneur, tout honneur :
Certes, notre manque total et manifeste d’objectivité nous trahit, mais il y a quelque chose de confortable avec un band comme MONSTER TRUCK dont le nom à lui seul est garant d’un produit fini qui correspond à 100% au packaging: ‘ y a pas tromperie sur la marchandise, jamais, et chaque concert du TRUCK est une explosion jouissive sans discussion.
Sans fard ni artifice, ni sans se prendre le bourrichon non plus, MONSTER TRUCK renoue avec la simplicité et l’authenticité d’un rock’n’roll qui sent bon le terroir, l’Ontario profond. Le TRUCK, c’est tout craché la ruralité et le bon sens des gars de la terre, en quelque sorte ; là où on va droit au but, sans fioriture ni se prendre les bottes dans le tapis brun.
MONSTER TRUCK, c’est comme un morceau d’humus qu’on aurait importé des plaines de l’Ontario. Ca sent bon la tourbe, ça arrache comme un bourbon qu’on déguste là-bas à la campagne dans les saloons, loin des contingences citadines et de tous les faux-semblants qui vont avec. MONSTER TRUCK, c’est aussi authentique qu’une bonne diarrhée d’un veau tout juste sorti du placenta maternel: c’est direct, ça sort tout droit et à fond de cale. Et ça tache grave. On adore (l’avait-on précisé…?).
Que BLACK STONE CHERRY n’en prenne pas ombrage: nous n’avons rien à leur reprocher (si ce n’est peut-être quand même un set d’une heure et demi montre en main… sans le moindre rappel à nouveau).
Edmonton, Kentucky, n’est pas très éloigné de l’Ontario, mais le tempérament des quatre Américains n’est pas celui qui habite le quatuor de l’Ontario: si BLACK STONE CHERRY s’inspire manifestement et avec succès de ses mentors (Lynyrd Skynyrd ou Black Crowes notamment), nos chouchous de MONSTER TRUCK, eux, ne s’encombrent pas de références. Et c’est sans doute cette authenticité où l’on n’a rien à perdre qui donne tout…
Avec leur dernier album, les musicos de BLACK STONE CHERRY ont poussé les choses un peu plus loin en s’auto-produisant, ce qui transparait dans le résultat live de ce Southern American rock ‘n roll, travail collectif qui reflète l’apport de chacun des membres – hormis Warren Haynes (Allman Bros / Gov’t Mule) en guest sur l’album mais dont on ne retrouve évidemment ni la voix ni la guitare ce soir.
BLACK STONE CHERRY et MONSTER TRUCK, vigoureux poulains bien membrés, font partie de la même écurie: ils appartiennent au même label, le Mascot Label Group. Une maison qui, au fil des ans, s’est entourée de quelques pépites, superstars en devenir, valeurs sûres ou monstres déjà quasi sacrés. Des deux bands qui partagent l’affiche de ce soir, on ne vous avouera pas lesquel appartient déjà à quelle catégorie…
Kiss, ZZ Top, Foreigner ou Rush pour n’en citer que quelques uns ont officié in illo tempore en première partie d’URIAH HEEP: ça éclabousse pour qui ne saurait pas où il mes les pieds (et les oreilles) ce soir, et ce tableau de chasse n’est à nouveau pas sans signification.
Après 49 ans d’existence (selon la police) ou 51 ans (selon les manifestants), Mick Box est toujours aux commandes, sans que les (très) hauts et les (plus rares) bas n’aient entamé sa dextérité et sa prolifique production. À l’instar de Led Zeppelin, de Black Sabbath et de Deep Purple, URIAH HEEP a contribué au développement d’une forme typiquement britannique de heavy metal. Son rôle considérable dans la création d’un style musical qui allait dominer les années 70 et encore plus les années 80 perdure, et la prestation de ce soir est la plus flamboyante démonstration encore de sa pleine santé, OMG !
Précurseur de l’utilisation de l’Hammond et de la pédale wah-wah – la signature de Mick Box – URIAH HEEP a réussi avec une admirable maestro à terminer le 20ème siècle, à passer le cap du 21ème et mieux encore celui de cette année 2018. Avec un dernier album qui se révèle être une vé-ri-ta-ble tuerie sur scène, URIAH HEEP est plus deep purplelien que jamais.
Rarement l’adage "C’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes" s’est révélé être d’une aussi pertinente actualité, au point que même les jeunes carottes peuvent aller se rhabiller – et fissa. Le son est énorme, et les envolées d’Hammond sont quant à elles d’une redoutable efficacité et d’une sonorité érangement actuelle qui rivalisent avec une lead guitar qui part en vrille plus souvent que de raison, mais sans jamais tomber dans le travers du technico-soporiphique.
Rien, strictement rien à jeter: la production 2018 d’URIAH HEEP est tout simplement parfaite et le millésime scénique remarquable. Et à plus forte raison que ces éternels jeunots évitent l’écueil en réussissant l’incroyable pari de ne pas sombrer dans le travers de se répéter ou de réécrire l’histoire – leur histoire…
The ZOMBIES ouvrent le bal à 19h25 précises – comme annoncé. Le timing pour le moins original et est à l’image de l’audience grisonnante et bedonnante de cette (superbe) salle de la Madeleine. Si le public est de tendance gérontologique, il n’est que le reflet de The ZOMBIES formés en… 1961, et avec Rod Argent toujours à la manoeuvre ce soir !
Quand on pense que leur She’s Not There fut n°1 aux USA l’année même qui nous a vu naitre il y a 54 ans, et que son génial compositeur est ce soir à quelques petits centimètres de notre objectif, on ne peut que se dire que la vie est belle. Et d’ajouter: total respect, mister Rod Argent (…mais où est donc Russ Ballard?!).
"Et surtout, n’oubliez pas de vous indigner et de vous révolter !" lâche un Bernie encore tout émoustillé en quittant la scène après un set de près de 100 minutes. Antisocial, perds-tu encore ton sang froid…?! TRUST n’a en tous cas rien perdu de sa superbe, de sa verve et de sa rage anti-conformiste.
TRUST fait ainsi la part belle faite à son dernier album sorti cette année. Il a tout pour séduire on stage, bien plus d’ailleurs que sur la version studio trop policée et aux accents un peu trop hallydayens. Force est donc de constater que cette dernière production tient admirablement bien la route sur scène, et les trois choristes qui apportent du coffre n’y sont pas pour rien non plus: elles complètent un duo Nono – Bernie qui n’a rien à envié à la complicité qu’ils partageaient déjà sur scène il y a 40 ans.
Seuls Préfabriqués et Antisocial clôturent le set en nous renvoyant à une époque discographique désormais révolue. Pourtant bien des seniors de l’assemblée attendent le moment, revoyant dans ces cinq lettres TRUST le coup de canon salvateur qui claqua dans une France au paysage rock’n’roll assoupi que les moins de cinquante ans ne peuvent aujourd’hui imaginer.
C’était l’époque où la bande à Bernie avait su redonner confiance à un rock français moribond, à renfort d’injections de riffs puissants et de textes martelés sur l’enclume. A l’instar d’« Antisocial », plus qu’un hymne, qui devint le symbole d’une jeunesse refusant les magouilles politiques et s’incrustant dans le béton des cités dortoirs.
Quel adolescent peut-il imaginer aujourd’hui que TRUST, dont l’immense talent fit trembler l’Europe du Reading à Rockpalast, reste encore à ce jour une référence inégalée pour bien des icônes de la musique, d’AC/DC à Iron Maiden en passant par Metallica ou The Scorpions, qui n’ont pas oublié la déflagration sonique des « frenchies » ?!
Ce soir, l’icône d’une génération est de retour pour réveiller l’adrénaline car rien n’a changé, pire: TRUST, « Au nom de la Rage Tour 2018". Et si se révolter contre certains pans de notre système occidental et capitaliste, destructeur et broyeur, était en définitive une voie salvatrice (parmi d’autres) à suivre?! L’avenir nous le dira – ou pas.
1ère partie de choix, l’excellentissime QUAKER CITY NIGHT HAWKS nous plonge directement dans l’ambiance et le climat que seuls les bands « de là-bas » peuvent procurer. Le son et l’accent ravageur en sont, le look et l’attitude placide de même, les compos alambiquées arrachent le bitume mais juste comme il faut – ni trop, ni trop peu – et ce son, ce son: quel son, Madre de Dios !
Avec un set digne de celui d’une tête d’affiche, la magie du southern rock de QUAKER CITY NIGHT HAWKS opère à merveille, bien plus que sur leurs albums studio soit dit en passant. Et l’on se croit, le temps d’une Budweiser, plongé au plus profond du deep south. A suivre de très, très près ces gars de QCNH…
Avec pareille entrée en matière et un public déjà outre-Atlantique, BLACKBERRY SMOKE se la joue sur du velours. Un southern rock pur et (parfois pas assez) dur, des crinières au vent et de la barbe au-dessus du veston, des guitares assaisonnées au boogie, rock’n’roll, bluegrass ou, pour reprendre leur site, une exploration sonore qui vous propulse dans les sphères du ‘transcendantalisme heavy metal‘ (euh, heavy metal? …faudra nous expliquer).
Les cinq d’Atlanta, country boys plus vraiment tous jeunes bercés par la musique de Nashville, sont donc tombés enfants dans la marmite Allman Brothers, JJ Cale, Lynyrd Skynyrd, Marshall Tucker Band ou encore ZZ Top – y compris lunettes solaires seventies, pantalons patte d’eph et crinières au vent, à la mode Black Crowes du début des années nonante. Et il parait que même aux Etats-Unis, terre natale de BLACKBERRY SMOKE, personne ne semble savoir dans quelle catégorie classer le groupe, mélange de gospel, de bluegrass, de rock et de soul avec une touche de country.
Si donc même les gars de « là-bas » sont dans l’impossibilité de catégoriser BLACKBERRY SMOKE, ce n’est pas nous qui allons nous y risquer. D’autant plus qu’au vu de l’éclectisme du public de tous âges et de tous styles, venu en nombre, on risquerait même de s’en mettre une partie à dos. Nous, tant que ça hume bon l’authentique deep south et que la véritable southern touch de première qualité est au rendez-vous, on se passe même volontiers d’une Bud – c’est dire.
Comment qualifier The ARISTOCRATS autrement que de supergroup quand on connait le pedigree de ces trois talents réunis presque par accident en 2011 ? Au gré de l’agenda de leurs carrières respectives auprès des plus grands, ils enregistrent et tournent à l’occasion, juste pour le plaisir de partager.
Et ce soir, ils ne partagent pas: ils donnent. Ils donnent tout: du jazz-fusion seventies au prog en passant par le rock instrumental et au rap metal. Entre autres. The ARISTOCRATS, ce ne sont pas des pointures, c’est carrément tout le magasin qui va avec…
Moins pompant que Dream Theater dans son registre, moins pompeux que Yes dans un autre, plus excitant que Steve Vai dans son répertoire et bien plus touchy que Jacques Stotzem (ah ah ah !) dans le sien, The ARISTOCRATS flinguent tout simplement tout ce qui bouge. Point. Au suivant.
Bardaf, c’est l’embardée… Communiqué de presse:
"Malgré une seconde chute du chanteur sur les cervicales au concert de Venoge en Suisse, Shaka Ponk a réussi à assurer le concert du Cabaret Vert in extremis mais non sans risque de lésions irréversibles. Le groupe est malheureusement contraint de reporter les concerts prévus au festival les Francofolies du Luxembourg pour assurer la guérison de Frah et éviter d’empirer une blessure qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Nous nous excusons platement auprès de nos fans et des organisateurs du festival. S’il y a bien une chose que nous détestons chez Shaka Ponk, c’est reporter un show…. nous en sommes absolument navrés. (Broken) Monkey Power ! See you soon amigos".. SHAKA PONK.
Il est vrai qu’à force de jouer le Flying Monkey (ci-dessus à Forest National en mars dernier) notre Frah n’est pas à l’abri de mauvaises chutes qui se paient cash. Sacré singe, va ! De quoi rétrospectivement savourer plus encore la prestation de SHAKA PONK il y a trois semaines au Cabaret Vert (voir ci-dessous).
A défaut de merle, on mange de grives (ou vice-versa): Julien CLERC est la seconde tête d’affiche de cette "warm-up edition" des Francofolies du Luxembourg.
Du haut de ses 70 balais et de ses 50 années de scènes, le beau Julien nous réserve rien de moins qu’un best of de 5 décennies de succès populaire. Une soirée-singles, comme il l’appelle lui-même. Quand on a dit ça, on a tout dit. Le superbe théâtre sold out de Esch-sur-Alzette est conquis, standing ovation et autres marques d’affection réciproques. Donner et recevoir. Aimer et être aimé. Belle symbiose. Let the sun shine ! Et une belle chevauchée de 90 minutes. La Cavalerie, quoi.
A tous saigneurs, tout honneur: dans le joyeux bordel de l’ambiance des arts qui se mélangent, qui s’entre-croisent et qui s’hermaphroditent au Cabaret Vert, le pseudo punk numérique de SHAKA PONK fait partie des valeurs sûres en ce 25 août 2018. De nos valeurs sûres, tant il y en a ici.
De retour cette année avec The MonkAdelic Tour, le live demeure spectaculaire, tout en performances technologiques et scéniques. Bien que SHAKA PONK soit proche des convictions du Cabaret Vert en matière de développement durable, on ne calculera cependant pas l’empreinte écologique du show. Et quel show…!
Avec le punk-rock saignant de POGO CAR CRASH CONTROL qui ouvre plus tôt dans la journée les hostilités sur la grande scène, on peut se demander s’il y a un pilote dans le gros son. Rien qu’avec le nom, on a compris que ça allait être brutal. Un peu comme être passager du bus de Speed à l’approche d’un embouteillage. On ne sait pas si les gars ont passé leur permis, mais ce qui est sûr, c’est que leur punk garage sauvage chanté en français est parfaitement contrôlé, complètement dingo et que c’est un de nos coups de coeur du festival.
Cerise sur le gâteau, ce n’est pas une mais deux prestations de POGO CAR CRASH CONTROL que les programmateurs nous réservent. Une première en début d’affiche sous le soleil de la mainstage du festival, et une seconde en soirée sur la minuscule scène Razorback dans un décor à la Mad Max orné d’affiches r’n’r vintage qui, la nuit tombée, vaut à lui seul le déplacement.
POGO CAR CRASH CONTROL, c’est un peu le cheveu dans la soupe de la programmation 2018 du Cabaret Vert. C’est aussi le cheveu sur la langue, celui qui a le charme qui dénote dans l’univers parfois trop mainstream des gens propres sur eux et qui articulent distinctement…
A mille lieues des insipides, inodores, incolores et inoffensifs dandys versaillais de PHOENIX, trop doux et trop légers (… trop NRJ pour situer), et bien loin du décevant post-punk soit-disant corrosif de PROTOMARTYR pourtant direct from Detroit, les locaux de BLONDSTONE décoiffent, prêts à t’abattre comme un viel arbre à coup de stoner rock, faisant renaître la grande scène US des années 90.
A l’instar de POGO CAR CRASH CONTROL programmés eux aussi en début de journée, le bonheur anodin des festivals réside bien dans la satisfaction de toutes ces découvertes. De véritables pépites se dissimulent parfois dans l’anonymat d’une programmation éclectique comme l’est celle du Cabaret Vert, et BLONDSTONE est de celles-là.
On s’attendait à un gros carnage d’IDLES. Ce fut au contraire une grosse déception: pas de murs de guitares, et un chant plus faux (horriblement faux !) que hargneux… Décevant. Tout le contraire du contry-rock des jeunots de THE NUDE PARTY: arrivant du fin fond de leur Caroline du Nord, mauvais gars à leurs débuts, ils nous replongent dans une époque old school, tout à la cool, avec un rock nuancé de country, entre cow-boys et 60’s. Ambiance garantie !
RON GALLO et son gros rock low-fi, bien garage, qui gratte et qui est gras comme un hot dog (parait-il) ne nous transcende pas. Tout comme MOANING, référence en matière de post-punk et de noise sur un flot de guitare qui chialle et une batterie qui bombarde: ça c’était sur papier…
ARCHIE & THE BUNKERS arrivent de Cleveland avec leur son garage punk: mais on est très (trop) sage quand on a 17 ans, et sans guitare ni basse (juste une batterie et un clavier Rhodes !). Décidément, le Cabaret Vert sort vraiment de l’ordinaire, au point de nous faire préférer la programmation de tous ces bands français aux groupes venus direct from USA: ça, franchement, faut l’ faire, nom d’un Ardennais ! Rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles découvertes…