Un seul ticket de concert en 1990 : mais où sont donc passés tous les autres, didju ?! Impossible par ailleurs de me remémorer la totalité de l’affiche de ce mini-festival. Pas facile non plus, même sur internet, de retrouver les bands qui étaient de la partie lors de ce « Super Rock ‘90 » à Mannheim – qui débute à 14h et qui se termine à 22h comme le précise étrangement le ticket ! D’autant que, partis bien tardivement et sur un coup de tête, nous ratons les premiers noms en début d’affiche. Avant que Whitesnake ne monte sur scène en clôture de cette journée, au tour d’Aerosmith de chauffer les esprits. Et surtout les corps… La sono n’est vraiment pas bonne, à moins que ce ne soit le vent violent de travers qui emporte les notes loin de nos oreilles et nous frustre d’autant ? Dommage. Avec la nuit tombante, le vent fait de même pour saluer l’arrivée sur scène de la bande à David Coverdale. C’est la grande et belle époque de Slip of the Tongue succédant lui-même à 1987 : les succès commerciaux consolident le band qui, heureusement, continue live on stage à nous balancer également ses vieilleries qui doivent être inscrites au Patrimoine Mondial de la Culture – si pas de la santé… Whitesnake et Aerosmith au faîte de leur gloire respective: le déplacement en valait la peine, ouch !
Auteur : Yves-Marie François
Quelques jours plus tard, même endroit même heure, back to the real roots : Aerosmith, avec The Cult en première partie. C’est l’époque de l’immense succès de Pump qui ramène Aérosmith aux devants de la scène (… et du business), pour moi l’époque qui clôture la vraie rock’n’roll attitude de la bande à Steven. Ce que fait Aerosmith depuis lors est insipide, commercial et tristement mauvais – mais ça semble plaire au plus grand nombre, donc continuez les gars. Pour moi, il y a l’avant et l’après Pump, l’avant et l’après 1989 : ce que nos lascars ont composé jusqu’à ce moment est du pur bonheur, c’est dire ce que peut être l’intensité et le niveau de ce concert. Un best of de leur best of. Back to the roots, les gars, back to your roots please…
Pourvu qu’elles soient douces : certes, certes… elles doivent l’être j’en suis certain. Mylène enflamme un Forest National archi-bourré et sold-out de longue date. Ce doit être un de mes premiers et derniers concerts où j’observe une foule bigarrée et hétéroclite au possible : un vrai microcosme où chaque strate de la population, chaque catégorie sociale, chaque génération, chaque couche socio-démographique semble représentée. Un échantillon de rêve pour un institut de sondage ! Quant à mon propre sondage, et après consultation de mes neurones, je peux attester qu’il s’agit là d’une bien belle mise en scène, se rapprochant parfois plus de la comédie musicale ou du ballet que du concert, mais que ne pardonnerait-on pas à la belle Mylène… ? Une expérience pour moi, ce genre de concert « people ». Avec la bière, je pense que Mylène est la seule rousse que j’apprécie…
Le Marktrock à Leuven : une institution ! Est-ce mon premier ? Certainement pas, mais toujours est-il que c’est là la seule trace de mon passage louvaniste bien que nous arpentions et continuons à arpenter les pavés de la ville bien et bien souvent à la mi-août. A l’affiche cette année 1989, parmi des dizaines de groupes se produisant à travers les rues et places de la ville : John Watts, mais avec Fischer Z cette fois. Le reste de l’affiche reste très couleurs locales, mais qu’importe : les scènes, les terrasses, le soleil, le décor, la bière,… le sont également. Et c’est tant mieux !
Ozzy, deuxième ! Qui m’impressionne-t-il le plus : Ozzy ou Zakk WYLDE son guitariste ? Forest National doit encore se souvenir de Black Sabbath à l’époque où Ozzy en était encore un des leaders, mais je n’en étais malheureusement pas. A défaut de merle, je me contente de grive – ou vice-versa : mais comme ceux qui ne raffolent pas du poisson adorent parfois les fishsticks, Ozzy dans le feu de l’action laisse presqu’oublier le Sabbath – et je m’en régale jusqu’à l’indigestion. La date de péremption du duo Ozzy – Zakk étant loin d’être atteinte, je ne sais pas en 1989 que nos chemins se croiseront encore bien des fois ultérieurement. Et pour notre plus grand plaisir, même s’ils ne savent pas qu’il est partagé. U.D.O en première partie : inodore, incolore et insipide – sorry guy.
Hé oui – ou plutôt hé non: plus de trace de mon ticket. Mais que de souvenirs en tête, même s’il y avait encore une fois à boire et à manger (au propre comme au figuré). Sont à l’affiche en ce bel été 1986: The Beat Farmers (j’arrive trop tard que pour les voir, merci les bouchons flamands), The Waterboys (cool), The Robert Cray Band(‘ me souviens plus), Simply Red (j’aime pas les rouquins), Lloyd Cole & the Commotions (propre sur lui), Talk Talk(aaaaaah !), UB40(reggae night), Elvis Costello & the Attractions (bof) et en tête d’affiche Simple Minds qui transforme la plaine en piste de danse géante. 70.000 personnes à Torhout le samedi, 70.000 à Werchter le lendemain – combien de litres de bières et de kilos de frites pour sustenter tout ce bas-peuple au sein duquel il fait si bon être…?
6 novembre : anniversaire de ma grande-sœur que j’emmène pour l’occasion (re)voir l’Iuane à Deinze. Sauf erreur de ma part, ma première et dernière venue dans cette salle, et dans ce bled. Un moment fort qui reste gravé : le quart d’heure précédent l’entrée sur scène d’Iggy, toutes lumières éteintes, la sono crachant une musique hypnotique au possible sur un beat binaire composé principalement de percussions et d’autres sons hybrides, qui pour peu mettraient toute l’assemblée dans une transe pas possible ! L’arrivée d’Iggy sur scène est presqu’une délivrance – c’est dire… !! La Bête est lâchée: il n’y a plus qu’un pantin électrique désarticulé qui attire tous les regards… La mention manuscrite CrazyHead que j’appose sur le ticket d’entrée signifie qu’à l’époque déjà je me disais qu’il serait de bon ton que je me souvienne plus tard du nom du band qui ouvrait…!
Faut-il s’étendre sur la chose… ? Oui, j’en suis, on en est, sur la plaine de Werchter. Et je peux même dire que nous y allons en Ford Capri 2.0 V6 – qui me boit toute ma solde de milicien. Et j’arbore même sur la vitre arrière un poster de Michaël pour forcer le trait… Il faut en être – du moins pour pouvoir maintenant être en mesure d’en parler, de raconter, de dire, de témoigner. Non, il ne ressemble pas encore à ET – quoique. Mais je ne parlerai davantage qu’en présence de mon avocat… Le ticket mentionne la présence de guest : si c’est écrit, c’est que c’est vrai.
Surlendemain de Rush à Francfort : Alice sur scène à Bruxelles – Chrome Molly en première partie ! C’est l’époque où notre Vincent Furnier se met en scène dans un décor d’apocalypse à la Mad Max et fait jouer les Rambo à son band. Ma première rencontre avec le Grand Show : était-ce la potence ou la guillotine, cette fois-là ? Comprenne qui comprendra. Serpent, hémoglobine, figurants, danseuses, canne et camisole de force : le Grand Cirque a débarqué en Belgique et tous les ingrédients sont bien présents sur la scène de Forest National. Alice reste la référence pour quantité de bands encore à ce jour, qui tentent de se prévaloir dans leur mise en scène et dans leur look d’une inspiration alicienne sans même lui arriver à la cheville. Que les copies sont pâles à côté du Maître… ! Les premiers rangs ressortiront maculés de (faux) sang, ce qui est somme toute tout à fait assorti à notre tenue: revêtus de notre t-shirt Rush acheté l’avant-veille en Allemagne, on se fait harponner dans la file à l’entrée du concert par qui deviendra le troisième Belge le plus fêlé du trio canadien – avant de rencontrer 20 ans plus tard le quatrième lascar. Sacré Vincent, va : comme quoi même à un concert d’Alice, on parvient à se la ramener à Rush…
Un RUSH et deux NUGENT en deux mois : le nirvana s’appelle rock’n’roll en ce printemps 1988 ! Mini European Tour pour RUSH qui avale quelques dates – toutes sold out évidemment – en Angleterre, Hollande et Allemagne uniquement. On fonce sur Frankfurt, à défaut de pouvoir s’offrir – service militaire oblige… – d’autres gigs de la tournée européenne : deux petits Belges perdus au milieu d’une marée humaine composée d’autant d’Allemands que de GI’s venus sniffer un peu de leur patrimoine nord américain. WISHBONE ASH en première partie : parfait pour accueillir le Rush Hold Your Fire Tour 1988. Quelques clichés de piètre qualité ne vaudront pas de figurer ici. C’est l’époque synthés par excellence, et sonorités années 1980. Certes, ça vieillit peut-être moins bien à l’oreille, mais la qualité intrinsèque des compos et la technique de nos lascars sont, étaient et resteront intactes. Un grand moment à vivre live, au premier rang quasi, pour ce deuxième rendez-vous avec l’Histoire. Des milliers de ballons, rouges évidemment, seront lâchés du plafond sur le public en clôture du show – superbe ! Les bouchons ont encore bien servis ce soir : n’empêche, le volume de l’auto-radio est quand même minable sur la route du retour…