… quand le premier quotidien francophone du Royaume en parle…
Auteur : Yves-Marie François
Ce n’est qu’à l’issue du dernier concert de l’année qu’on est en mesure de parler DU concert de l’année. Mais en tout état de cause, la prestation de MOLLY HATCHET au Spirit est assurément de celles dont il faudra tenir compte le moment venu d’inventorier le millésime 2010. Les 6 lascars ont – désormais – gagné pour moi depuis leur dernier show ici-même l’année dernière leurs galons de Southern Rock Band n°1, détrônant – dorénavant – le mythique Lynyrd Skynyrd. S’il fallait toutefois établir un poll – puisqu’il est de tradition dans le Sud de décerner la palme au band-étendard le plus "représentatif" du Deep South. Etrange habitude que celle-là, alors même que le Sud est suffisamment vaste pour qu’il y ait de la place pour tous, comme dirait l’autre…
La longévité, la prolixité, le dynamisme et l’intarissable soif de composer, de jouer et de tourner inlassablement de grands stades US en petits clubs européens fait de MOLLY HATCHET the référence rock sudiste. Certes, bien d’autres peuvent prétendre à ce titre – et à raison – mais un rock band gagne ses galons tant sur les planches et en studio que dans l’imaginaire collectif. Et à ce triple titre, dans la longévité et dans l’intensité, MOLLY HATCHET tient le haut du pavé.
Le show de ce 7 décembre à Verviers est une seconde Saint-Nicolas, avec un carnaval de décibels (le concert le plus fort de cette année au Spirit ?) et une gouaille digne d’un Mardi Gras avant l’heure. Ce n’est pas encore Noël, mais les divins enfants sont déjà dans la crèche, une crèche sans boeuf ni âne mais meublée de Marshall et de Pearl. Les Rois Mages sont six, et Sudistes. L’encens est décibels et la mire est rock’n’roll. A moins qu’il ne s’agisse de six Pères Fouettards qui ont laissé Saint-Nicolas aux mains des Nordistes ?
Quasi deux heures de classiques mais aussi de surprises, telles celles tirées de leur nouvel album ainsi qu’un vibrant hommage à Ronnie James DIO avec une reprise de The Man on the Silver Mountain. Une prestation sans faute, sans fausse note, sans faux semblant et sans faux fuyant : un duel entre 6 gars sur scène unis comme les doigts de la main et un aréopage aux couleurs sudistes. Et puis, quelle belle fin d’année que clôturer 2010 par un sublissime et classique Free Bird : la manière et la classe, pour le vigoureux n°1, de saluer avec panache et flamboyance, le mythique n°2 (là, je ne vais pas me faire que des amis…!). Quittant les planche avec un chaleureux "Thank you Francis, thank you Verviers, thank you Belgium", tout est dit – alors que la soirée n’est pas encore terminée. Ite misa est. Alleluia. Jouez, hautbois, résonnez musettes…
Une Ancienne Belgique évidemment sold out à l’occasion de ce concert belge de la tournée des 20 ans de mes Irlandais préférés (… depuis la mort de Phil Lynott). Comme quoi c’est un jubilé pour eux comme pour moi, ayant reçu pour ma part à l’occasion du passage d’une de mes décennies leur désormais emblématique album Troublegum qui est au programme en intégrale ce soir en première partie de set, mon album préféré… Les manager et tour manager de THERAPY?, particulièrement séduits par la qualité (‘Good job !‘) de mon dernier billet relatif à leurs protégés, inscrivent mon nom sur leur guest list et me créditent d’un pass-photo pour immortaliser la soirée live. Et quel live, mes zamis ! Sympas, ces buveurs de Guinness. Avec DRIVING DEAD GIRLS en première partie, les Montois de service paraissent presque bien sages sur scène alors qu’ils avaient mis le feu à la plaine de Wardin il y a deux gros mois. Cela n’empêche pas le chanteur de clôturer le set dans le public, micro à la main, finissant par se tortiller à mes pieds comme un vers épileptique caramélisé et frémissant, tout en continuant à vociférer. Bon les gars, très bon même !
A pile-poil 20h30 comme programmé, le trio irlandais déboule sur scène pour ce qui se révèlera être mon concert de l’année – sans doute. Un Troublegum joué intégralement comme prévu avec une énergie de Dieu le Père et une gouaille des plus communicatives et interactives avec la salle: le premier set est puissant et torride à souhait, déchaînant pogos sur pogos. Une interruption de 5 bonnes minutes, toutes lumières restant éteintes dans la salle, annonce le second set d’un rouleau compresseur tout aussi puissant mais peut-être moins "homogène" qui balaye quelques highlights du reste de la carrière du trio. Ou du quatuor, c’est selon : un roadie-technicien (ou un technicien-roadie ?) joue le quatrième larron backstage caché derrière les tentures. Dissimulé du public par les enceintes du band, il assure ponctuellement la rythm guitar et renforce les background vocals, se jouant son concert à lui tout seul comme un grand pour son propre plaisir dirait-on ! C’est assurément plus rock’n’roll que des samples ou autres effets bidouillés depuis la console.
Un concert chaud-boulette dans une étuve bruxelloise brassant du jeune et du moins jeune, du chevelu et du dégarni, du poilu et du glabre, du mec et de la gonze – un nombre surprenamment élevé de gentes dames (demoiselles ?). Avec le sourire et la bonne humeur de la crémière en plus – ou plutôt des buveurs de Guinness et des gardiens de moutons pour rester dans le cliché – THERAPY? a littéralement bouté le feu à l’AB, et my God que ça fait du bien cette cure de bonne humeur, de spontanéité et de saine transpiration ! Sans chichi, sans manière, THERAPY? nous ramène aux real roots d’un rock simple mais non moins chaleureux et percutant. Thanx, guys. Puis un bon Rush à fond les manettes dans les enceintes dès la dernière note jouée alors que les lumières se rallument, c’est certainement pour atténuer le post coitum animal triste général. Therapy de groupe(s), vous avez dit ? Des psys de cette trempe, on en redemande – même sans remboursement de la sécu !
Avec une setlist fort semblable à la dernière prestation namuroise et donc un peu de Huy ! à la clé, moments de grande jouissance encore ce soir. Quelques beaux et longs dérapages d’une Gibson dont le rouge, dans la pénombre des lieux, tourne au noir comme les braises rougeoyantes virent en cendres lorsqu’elles ont tout donné. Et une rythmique complice qui marie quatre cordes et deux baguettes, comme si elles articulaient un pantin guitariste dans le décor de Guignol. Cependant, assister à un concert sans appareil photo (…après avoir crashé le mien chez les Ruskovs la semaine dernière…) c’est un peu comme se retrouver sur la mainstage du Sziget et jouer unplugged : ça ne le fait pas ! C’est par contre l’occasion d’apprécier différemment la pulsion tribale d’une prestation de haute tenue, sans se soucier d’un cadrage tip-top ou du réglage au poil d’une luminosité par ailleurs trop faible ce soir pour travailler correctement de l’objectif comme d’autres travaillent du chapeau. Dommage néanmoins que l’acoustique des lieux ne se prête pas de manière optimale ce soir aux sonorités de Michel Drucker Experience – à moins qu’il ne s’agisse d’une balance par trop délicate à toiletter avec ces baies vitrées qui en ont entendu de belles…? Rideau, Maestro, ou plutôt stores…
Une vidéo de consolation, tournée au Sziget afin de boucler ce billet comme on l’a commencé. Non, ce n’est pas MDE en Hongrie, l’année prochaine peut-être ? Toujours enlever sa cravate avant un petit stage diving : à copier-coller dans votre navigateur http://www.youtube.com/user/Tensities10Cities#p/u/1/8XgQrwwgjTM
Quand la douce brutalité et la tendre musculation du R’n’R se marient le temps d’un soir à l’énergie gracieuse et à la puissance esthétique d’un autre type de show. Quand la douceur d’un parquet ciré au goût de miel remplace pour un instant la rugosité brute et primale des planches imprégnées de l’odeur de bière. Quand le hurlement des Marshall fait place pour un soir à la puissante quiétude des décibels qui trouent la nuit au lieu de déchirer les tympans ..
Parce que simplement avec Intensities in Tens Cities, All The World Is A Stage…!
Les envahisseurs : des créatures extraterrestres originaires d’une planète à l’agonie. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David "Géron" Vincent les a vus (mieux: les a fait venir !). Pour lui, tout a commencé au cours d’une nuit d’errance, sur une route de campagne solitaire, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l’atterrissage d’un engin en provenance d’une autre galaxie. À présent, David "Géron" Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris forme humaine. Il doit trouver comment convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé. Et le cauchemar, ce soir, est un bien beau rêve qui se tient sur les planches du Spirit où l’UFO a atterri en douceur mais en puissance…!
Hé ! Phil, tu toucheras un mot à tes roadies pour qu’ils impriment dorénavant ta set list dans des caractères encore plus grands, hein ! C’est que la vue de notre Phil MOGG en a pris un sérieux coup ces dernières années, et qu’il risque un lumbago à force de se courber pour lire sa feuille collée sur les planches… D’ailleurs, à quoi peut bien servir cette set list dans la mesure où elle n’est même pas suivie ?! Sacré Phil, va : avec une voix en piteux état qui ne monte guère ni en puissance ni en hauteur, il se plait à singer Lemmy en éructant quelques Ace of Spade en guise de boutade et d’excuse. Qu’en sera-t-il des vocals d’UFO en fin de tournée…? Nonante minutes de concert ce soir, le minimum syndical est tout juste respecté alors qu’on pouvait décemment en attendre un peu plus, les gars. Les classiques des classiques sont exécutés proprement par un line up à 60 % originel, voire un peu plus si l’on prend en considération Vinnie MOORE qui n’a cependant pas les quasi 4 décennies de bouteille dont se targuent ses comparses sévissant au sein de l‘ovni.
En ce qui me concerne, la surprise du jour est sans conteste la présence de Barry SPARKS en lieu et place de l’historique et folklorique Pete WAY à la basse. Il assure à lui seul une prestation à l’image de son jeu : tout en rondeur, et sa transpiration n’est pas pour le show. Ayant pu l’apprécier et le côtoyer moulte fois lors des récentes tournées de Ted NUGENT en sa qualité de bassiste titulaire du Nuge, on peut dire que c’est un autre Barry SPARKS que je découvre ici, libéré du poids charismatique et egocentrico-maniaque de Nugent à l’égard de qui il n’assurait finalement qu’un rôle de faire-valoir, certes hyper-efficace mais docile et effacé. Ce soir, c’est un band member à part entière que je découvre, avec un son de basse couvrant presqu’une lead guitar anormalement faiblarde malgré des amplis assurant de part et d’autre des fûts une force de frappe manifestement démesurée pour l’exiguïté des lieux. Si c’est beau à voir et que ça le fait manifestement, les vumètres n’ont par bonheur (?) pas été poussés dans le rouge.
UFO sans les emblématiques Michael SCHENKER et Pete WAY reste néanmoins digne de ses 4 décennies d’exactions de par le monde. Reste à souhaiter que le feu sacré continue son oeuvre et qu’il n’emmène pas cet ovni trop loin de la planète Terre. Quoi qu’en pense David "Géron" Vincent….
Un gaucher qui fait vêler sa Gibson en dérapage contrôlé le jour anniversaire des 40 ans de la disparition de Jimi, c’est-y pas un signe ça ?! Certes, il devait y avoir davantage de monde aux funérailles du génie de l‘Experience que devant la scène sur laquelle se produisait un(e) autre Experience, mais bon si l’on compte toute la foule présente aux Wallos 2010 ce samedi soir, on ne doit pas être loin du compte. Et à propos de décompte final, le feu d’artifice illuminant le ciel namurois à peine terminé, c’est un autre qui débute sur les planches. Soirée pyrotechnie – et avec MICHEL DRUCKER EXPERIENCE on commence avec le bouquet final, manière d’enchaîner avec ce qu’il y avait dans le ciel et de donner directos le tempo avec une longuissime version pour le moins électrique de Syd Barret. Ou comment procurer 11 minutes de bonheur avec 10 cordes et 2 baguettes – et quelques autres fioritures et mètres de câble, je vous le concède.
Pour le reste, un zeste de Huy ! un soupçon de Rolling Stones, une pincée de Beatles et une bonne grosse marmite de Michel Drucker Experience pour ceux qui ne sont pas tombés dedans petits. Chaudron duquel sont extraits une bonne heure durant des master-pieces de leurs 3 CD qui restent, décidément, une référence en la matière. J’entends déjà les "En quelle matière ?" qui résonnent au loin comme de vieilles casseroles que certains traînent alors que d’autres les remplissent de fleurs et d’encens. En LA matière. Et il n’y en a qu’une – sinon on dirait "les matières". CQFD – et comme MICHEL DRUCKER EXPERIENCE n’a plus rien à démontrer, nous en resterons par conséquent là. Il n’en demeure pas moins qu’il manque toujours une petite voix féminine qui, pour moi, donnait naguère à MDE la petite touche sexy que les trois (beaux ?!) mâles ne peuvent fournir – et je ne parle pas uniquement des vocals ! Mais bon, même les plus beaux ne peuvent donner que ce qu’ils (s)ont…
Le Ward’in Rock est à Werchter ce qu’un bal de village (avec ses dérapages) est à une rave-party (avec ses excès) : c’est tout ce qui fait son charme, mais il faut être du Plateau (ardennais) pour comprendre et apprécier… L’édition 2010 a viré sa cuti electro-pop gentillette en retournant à ses racines résolument rock’n’roll – du moins en ce qui concerne l’affiche du vendredi. Et cette première journée se termine au milieu de la nuit en un véritable feu d’artifice(s) – c’est peu dire – orchestré par LE BAL DES ENRAGES. A propos de bal, c’est plutôt la méga-kermesse ; et à propos d’enragés, il vaudrait mieux parler de fous-furieux déjantés. Le collectif du BAL DES ENRAGES, créé pour un temps seulement l’année passé, réunit les musiciens des meilleurs groupes de la scène punk-alternative française (des aliénés sévissant dans Lofofora, Punish Yourself, Tagada Jones, Parabellum, La Phaze,…) et termine sa saison à Wardin en atomisant le site par une prestation qui relève de Bouglione mixé d’Alice Cooper, mâtiné d’un brin de Wampas et d’un zeste de Mononc Serge.
Le collectif éphémère du BAL DES ENRAGES nous assène un final total et hallucinant tant le spectacle – pardon : le show – est jouissif sur scène… voire plus déjanté encore en coulisses pour les rares témoins de ces moments surréalistes et décalés. C’est qu’en se relayant à une bonne quinzaine pour partager alternativement la scène, il y en a toujours autant backstage que sur les planches, ne sachant d’ailleurs parfois pas où commence la scène et où se terminent les coulisses, les uns continuant à jouer et délirer backstage alors que les autres sont sous les feux de la rampe. La frontière est bien ténue entre le monde des projecteurs et celui de l’ombre, entre la réalité et la fiction…! LE BAL DES ENRAGES, ça se vit car ça ne peut se raconter. De la provoc, du sexe et du délire, du sado-maso et des disqueuses, du trash et du feu, des sex-toys et du cuir, du second degré et de l’humour, des excès et de l’alcool. LE BAL DES ENRAGES, si c’est Barnum sur la scène et Sin City backstage, c’est en servant néanmoins une set-list explosive faisant des trous dans la tête jusqu’au poix chiche. La surprise du chef, sans équivoque possible !
La tête d’affiche de la journée, LE PEUPLE DE L’HERBE, est presque le cheveu dans la soupe, ou plutôt le brin d’herbe dans la goulasch – comprendra qui pourra – malgré une prestation de haute tenue qui aurait récolté tous les (mes !) honneurs sans la présence des Enragés.
S’offre précédemment sur la grande scène SHAKA PONK: l’autre (bonne) surprise de la soirée pour ma part, avec un set aussi puissant que visuel, aussi rock’n’roll que peaufiné. Un alliage de riffs et d’électro derrière des mélodies bien solides de rock fusion avec un zeste de funk, un soupçon de métal et un tsunami de gros son sous couvert d’une mise en scène laissant la place belle à un leader des plus charismatiques secondé par une black aussi efficace que… spectaculaire. Un tout grand moment pour ceux qui, comme moi, découvraient ces Francais. Précédemment, SKIP THE USE délivre une espèce de punk rock avec des relents d’un peu de tout, en terminant leur set en beauté par un jam déjanté et surexcité du meilleur goût avec SHAKA PUNK précisément.
Le punk hardcore de DAGGERS survolte l’autre scène suivi de DRIVING DEAD GIRLS: un garage-rock bien senti qui se termine par du lancer de guitare dans le public et du jump-dévérinage de batterie: chaud-boulette pour annoncer l’arrivée de DO OR DIE qui m’impressionne moins qu’en avril dernier – sans doute la cause à un son assez pourave ou à l’effet de surprise qui n’est plus.
La journée du samedi ne peut atteindre les sommets de la veille, et c’est dommage. By-pass sur les prestations de OVERMARS et de FULL OF SUEDOISES notamment, avant de refaire avec eux le monde backstage en soirée en alternant les sets de PIERPOLJAK, RAPH, FELOCHE, ETE 67, BALIMURPHY et autres SURFING LEONS.
Vient l’heure où monte sur scène BLACK BOX REVELATION. Le duo détonnant se partageant batterie et guitare est à la hauteur des attentes et insufflent à cette seconde journée la débauche de décibels et d‘attitude qui manquait presque jusque là. Si le terme de power-trio sied à merveille à certains, l’appellation atomic duo colle-t-elle parfaitement à BBR…!
Et ce n’est pas là dénigrer The MASH qui les précèdent, annonçant les Hongrois de HANGMAS avec leur british-wave totalement eighties assaisonnée de bons riffs bien solides qui donne un tout très, très potable. Après les avoir ratés au Sziget à Budapest il y a 3 semaines, je suis aujourd’hui témoin de l’accueil que la Belgique réserve à ces Hongrois avec la même ferveur qui a surpris tous les groupes Belges qui ont marqué le Sziget de leur empreinte. Putain, putain, c’est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens…
J’ai toujours trouvé du plus haut ridicule ces photographes qui, te bousculant presque, précipitent tout à coup leurs objectifs sur le bassiste, sur le batteur ou sur le clavier qui se lance dans un solo… comme si les photos tirées à ce moment précis avaient d’autres saveurs ! C’est presque faire injure au jeu de ces musiciens en le réduisant à quasi néant à tous les autres moments. Mais soit, la nature – ou plutôt la bêtise – humaine est sans doute ainsi faite. Le Fiesta City Festival 2010 reste éclectique au possible, comme son affiche le précise pour celles et ceux qui en douteraient encore: 80 concerts sur 3 jours et 6 scènes, que je n’arpenterai pour ma part que le samedi. En commençant fort d’ailleurs, avec un FOCUS dont le line up comprend deux membres originaux remontant à la fondation du groupe fin des sixties: Thijs van Leer & Pierre van der Linden. Rock progressif en grande partie instrumental, c’est un voyage dans le temps que le groupe néerlandais nous offre avec une touche vintage du plus bel effet. Un peu décalé et un peu ouf, le set est à l’image de l‘Hammond de van Leer: scotché et rafistolé, on voit qu’il a (bien) vécu et qu’il y a de la bouteille là-derrière !
Popa CHUBBY enfile ensuite son costume de maître de cérémonie, et quelle relève mes gaillards : ce n’est pas un maître mais un dieu; ce n’est pas une cérémonie mais une grand messe ! Et ce n’est pas non plus un costume mais bien un blouson de cuir "New-York City Blues" qui annonce franco la couleur, totalement en phase avec un gig bien plus rock’n’roll et moins blues qu’il y a quelques mois à Arlon. Il nous sert un set en effet bien plus énergique et plus graisseux que sa dernière prestation aux Aralunaires, et nous offre une set-list éclectique au possible, à l’image du festival. Séquence "tribute" : deux reprises de haut vol : l‘Alleluya de Jeff Buckley (repris certes de Leonard Cohen) et, en clôture, l’aussi surprenant que tonitruant… Ace of Spades de Lemmy ! Le tout saupoudré d’un hommage à la mémoire de Stevie Ray Vaughan dont le Popa se plait à rappeler qu’on célébrait les 20 ans de la disparition hier.
Sacré Popa va: jamais deux fois le même, toujours aussi imprévisible, jovial et hilare une fois qu’il a une gratte en main. Et manifestement fier et satisfait de sa prestation à l’issue de celle-ci, au vu de son large sourire faisant d’autant ressortir le caractère rebondi de sa bonne bouille. Un concert de Popa CHUBBY, c’est comme s’installer à une bonne table : quels que soient le menu et la carte, on attend la surprise du chef en sachant qu’on ne sera de toute façon pas déçu. Et quand le chef nous sort en plus le grand jeu, que du bonheur ce samedi à Verviers…!
Tout passe, tout lasse. Passons donc rapidement sur la prestation de MACHIAVEL qui ne me laisse pas sur ma faim mais bien de marbre. Je me réjouissais pourtant de la perspective de mon premier concert de Machiavel en 35 ans de formation – si, si : il existe encore des Belges qui, à mon image, n’avaient pas encore assisté à un de leurs shows ! J’aurais pu attendre 35 ans de plus… Sauf tout le respect que je porte aux artistes – et plus particulièrement à ceux qui me lisent ici – opinion tout ce qu’il y a de plus personnel et de plus subjectif. Mais bon, c’est ainsi : en tout état de cause, ce samedi soir, les Serpents Noirs ou Machiavel, c’est pour moi du pareil au même (et Dieu sait si les Serpents Noirs m’ont pourtant fait vibrer à une certaine époque… ;-). Le band de l’Homme à la plus belle voix du monde (sic) – celui derrière les fûts – ne m’a pas transcendé, soit. Well….
La cerise sur le gâteau s’appelle ce soir CANNED HEAT en formation Woodstock. Verviers accueille en effet le "Canned Heat Woodstock Reunite Tour 2010" puisque les 3 survivants ayant participé aux fameux festivals de Monterey en 67 et de Woodstock en 69 sont présents : Harvey MANDEL, Larry TAYLOR et Fito DE LA PARRA. Un grand moment qui transpire à lui seul l’histoire blanche du rock, du blues et du boogie: les classiques de leurs classiques nous sont servis sur un plateau doré avec une bonhomie qui suinte le blues revival des sixties et la période hippie sans pour autant tomber dans la caricature. Les Papys font de la résistance : résistance à l’usure du temps, résistance à l’oxydation des modes, résistance au caractère versatile des courants et des tendances… Et des papys pareils qui traversent le temps, les âges et les modes, on n’en fait sans doute plus quand on observe ce qu’il adviendra dans les décennies à venir de la bouillabaisse qui caractérise la scène musicale des années 2000. Merci les gars, vous étiez aussi parfaits que dans la boue de Woodstock…
Avant de terminer la nuit au Spirit, petit tour vers une scène annexe et un autre type de revival tout en puissance, sans pour autant sombrer dans le nostalgique ni dans le pathétique mais bien dans l’énergique bon enfant: HIGH VOLTAGE et son tribute to AC-DC. Insouciance et bonne humeur, voire second degré à l’image des 8 faux Marshall en carton qui font office de décor ! Second degré mais prime jeunesse, didju…!