Les GARCONS BOUCHERS mettent le feu au hall sportif de Virton. La Capitale de la Gaume devient pour un soir la capitale des délicatessen. Mais qui pourra donc m’aider à me souvenirs de la date précise, ainsi que du reste de l’affiche… Merci…!
Auteur : Yves-Marie François
Hugues GERARD, Running Shoes’ addicted & best photograph
Ronnie James DIO, the strongest, warmest & deepest voice of rock’n’roll
– RIP –
Supergroup ? Sur papier certainement. Super soirée ? Bof, dans les faits pas vraiment. Déjà qu’un entracte qui traîne en longueur est du foutage de gu… du plus mauvais augure. Et une Rockhal partiellement cloisonnée, aussi haute que longue, est du pire effet également. Pourtant, un set où se côtoient sur scène un ex-Led Zeppelin (John Paul JONES), un ex-Nirvana et actuel Foo Fighters (Dave GROHL) et le frontman de Queens of the Stone Age (Josh HOMME) doit être synonyme de super soirée. Mais ce n’est pas tout à fait le cas – sans doute suis-je hermétique à cette étrange combinaison atypique mais pourtant des plus séduisantes alignant des CV et pedigrees hors du commun ? Certainement ne suis-je pas non plus le seul à avoir effectué le déplacement davantage pour la symbolique de ces trois noms emblématiques que par coup de foudre à l’égard de leur récente production commune et éponyme: THEM CROOKED VULTURES, à l’instigation l’année dernière de notre multi-instrumentiste survivant du Zeppelin. Ou quand la somme des parties prises individuellement est plus conséquente que la synergie qu’elles peuvent générer ensemble…
Certes, il y a bien quelques moments où la mayonnaise prend et où l’on ressent une véritable consistance en constatant qu’on n’est pas en face de n’importe qui, mais à aucun moment je ne distinguerai la réelle plus-value de cette réunion. John Paul Jones passe de la basse à la guitare et de la guitare au synthé avant de retourner à sa basse (qu’il manie certes de main de maître), Dave Grohl bucheronne sa batterie à la manière d’un forgeron désaxé impressionnant, et Josh Homme gratouille sa gratte la clope au bec sans avoir l’air d’y toucher et pourtant…. Oui, certes, et après ?! Longueurs et langueurs, torpeur et froideur. Trop pour moi. Ou plutôt pas assez…A moins que ce n’est un jour sans pour moi – et/ou pour eux.
Une fois n’est pas coutume, c’est la première partie qui motive mon déplacement. Et quelle première partie: LIGHTNIN’ BUG ! Le trio – bien que quatuor ce soir – me troue littéralement le c…. Que cela est certes vulgairement dit, mais comment traduire autrement une impression si proche du tribal et du primitif que celle que me laissent les gaillards ? Un blues tantôt langoureux tantôt bien bien graisseux et qui fait des tâches, avec une patte inspirée des plus Grands sans jamais tombé dans le plagiat ni la pâle copie. Ou comment danser sur le fil du rasoir et réinventant finalement une recette vieille comme le monde mais qui, entre certaines mains expertes, semblent donner une nouvelle jeunesse à ce genre.
Sacré Bidon, va: toujours le mot pour rire et la gimmick qui tue pour, en plus, joindre l’humour au plaisir et vice-versa. Une rythmique à trois (basse-batterie-guitare rythmique) pour porter en avant une lead guitare qui survole le tout et qui ne laisse par moment que les miettes à ses trois comparses: chaud devant, oufti ! Blues groovy funky swing et R&B: c’est un peu tout à la fois ce soir, c’est kermesse et ducasse en même temps, quoi ! Je ne me souviens pas ces derniers temps d’une première partie aussi puissante et aussi écrasante que celle-ci. Le reste peut être mauvais – même la Mousel au bar – rien ne me fera regretter mon petit trip dans le Grund luxembourgeois par ce doux soir d’été.
Après cette mise en jambe ayant plus du coïtus interruptus qu’autre chose,Gene TAYLOR arrive mine de rien sur scène. Papy jovial sur les planches, mais aux antipodes de cette image lissée quand il est backstage parait-il: plutôt bougon et même limite antipathique s’il faut en croire ce que j’en entends de lui. Mais bon, le set est propret – ni plus, ni moins: du blues et boogie-woogie bien de là-bas. Heureusement que son special guest en la personne de Big Pete (hamoniciste & lead vocal) aux avant-bras tatoués en rajoute une couche pour dynamiser un keyboard qui n’arrive malgré tout pas à décoller, je trouve. Gene TAYLOR a certes fait partie de Canned Heat a long time ago, mais ce ne semble pas suffisant pour à lui seul élever le débat. Mais sans doute reste-je sur mon nirvana de la première partie…?!
Ah ! qu’il est doux le son des Marshall le soir au fond des bois… C’est en l’occurrence ce que doivent penser les marcassins du cru (et peut-être pas tous les néerlandophones en villégiature dans les parages). Didier "Bidon" a rejoint LAUVIAH le temps d’un soir pour assurer la ligne de basse et accompagner ainsi le Guy à la rythmique et soutenir au mieux le Bernard à la gratte. Entre ZZ Top, Jimi Hendrix et Joe Bonamassa, la soirée s’écoule paisiblement en terrasse, entre Orvaulx et autres breuvages locaux. Une soirée de printemps agrémentée de classic rock avec un petit trio de derrière les fagots, que demande de plus le peuple ? Le panem et circenses des temps modernes, j’vous l’dis.
Le Nuge, quelques minutes avant de monter sur la scène amsterdamoise est comme à son accoutumée prolixe à souhait, parlant de ce qui le fait encore et toujours brûler, son éternel moteur… Normal, lorsqu’on provient de la Motor City et qu’on s’est trouvé affublé du titre de Motor City Madman. Hommage qu’il rend à ses comparses ayant contribué à la réputation sulfureuse de Detroit: Mitch RYDER, MC5, Alice COOPER, Iggy POP,…
Vidéo 1 :
Nuge_EuroTour_07.2008__203.mpg
Le Nuge sans Byrdland n’étant pas le Nuge, il est à remarquer que celle ici entre ses mains n’est pas la sienne mais bien celle d’un pote l’ayant amenée pour dédicace. Le Nuge s’exécutera de bon coeur – normal, entre rares privilégiés (et fortunés…) heureux détenteurs de la Rolls des guitares de jazz, détournée de sa finalité première par Nugent il y a plus de 40 ans ! Insigne honneur que le Nuge me fait: pour gratouiller quelques accords sur cette Byrdland d’emprunt, il se débarrasse de la sienne en me la refilant. Quand on sait que personne – PERSONNE – hormis son proche entourage n’est autorisé à approcher ces (ses) oeuvres d’art sans prix ni valeur…!
Vidéo 2:
Nuge_EuroTour_07.2008__204.mpg
ARALUNAIRES, Jour 6 (et dernier jour en ce qui me concerne, avant un repos enfin bien mérité !). L’Entrepôt est à nouveau sold out ce soir pour accueillir le plus volubile des New Yorkais: l’imposant et impressionnant POPA CHUBBY. En guise d’apéro, STICKY FINGERS BLUES BAND, suivi de l’ALBERT BLUES BAND qui chauffe les murs à blanc. Put on your red shoes and dance (play) the blues, Albert ! Le plus fringant et le plus bruyant retraité de la province – baskets rouges, t-shirt Ramones et jeans seyant – a revêtu son costume de scène pour mener de main de maître un set toujours aussi chaleureux et bon enfant. Le Dr. Richard aux vocals est quant à lui tout binôche d’introduire par ailleurs deux nouveaux morceaux de la future galette des régionaux de l’étape. Great !
L’Albert s’improvisera roadie plus tard dans la soirée en jouant les Dr. Boogie de bon office et prodiguant les premiers soins à la guitare du Popa en plein milieu du set du New-Yorkais. Car, mine de rien, c’est qu’il arrache à la gratte le Popa ! Même s’il nous la joue à la Johnny Winter en restant finalement plus longtemps assis que debout, le gredin (peut-être une question de répartition des masses sur la scène?).
Toujours est-il qu’entre reprises (ah! cet Hallelujah de Jeff Buckley) et pièces originales, Popa reste fidèle à lui-même: simple, jovial, sympathique et chaleureux – bref: ce qu’on appelle un bon gros ! Ses deux heures de show se clôtureront par un duel de batterie avec son batteur, installé pour l’occasion frontstage devant deux caisses et donnant une allure "Tambours du Bronx" à ce final. Chapeau, Mr. Chubby: vous écouter reste un régal, admirer votre jeu guitare un plaisir, et votre sueur un honneur que vous nous faites. Vous êtes mon Meatloaf à moi…!
Chapeau aux organisateurs pour cette semaine de toutes les découvertes et de tous les plaisirs, éclectiques comme électriques – Vivement les ARALUNAIRES 2011, M’sieurs-Dames…
ARALUNAIRES, Jour 5. D’endroits étranges en lieu insolite et en heure inhabituelle, c’est cette fois en plein temps de midi que le Musée Archéologique s’anime d’une foule tout aussi surprenante et pour le moins bigarrée. Rarement ces murs auront vu telle affluence, en tous cas en plein midi, à l’occasion d’un set tout ce qu’il y a de plus surprenant au milieu de vestiges romains et autres pièces historiques et archéologiques. Pas vraiment acoustique mais pas non plus particulièrement électrique, le set de COMMON FATES: mais sans doute vaut-il mieux, par respect pour les lieux, ne pas trop exploser les Marshall ni faire cracher la poudre. Le trio propose dès lors en guise de lunch comme un bon sandwich fourré Nickelback avec sauce REM et garnitures grunge: ma surprise/découverte de la semaine.
Changement de décor au soir: retour à lEntrepôt pour THE soirée kitch et destroy de la semaine. DARK SENSATION ouvre la danse en faisant ce qu’ils peuvent avec leur trash / death metal pour chauffer une salle par ailleurs sold out et toute acquise aux suivants. Chapeau les gars: pas facile d’ouvrir la soirée quand la majeure partie du public est au bar ou fume sa clope dehors (avant que l’interdiction ne saute de facto » en cours de soirée…).
Le Québécois MONONC’ SERGE, aussi déjanté que son humour caustique et que son second degré incisif, débarque avec ANONYMOUS sur scène en costume queue de pie et noeud pap’: le ton est donné. C’est parti pour une prestation hors normes, succulente et truculente, humour ravageur, feintes à deux balles et jeux de mots foireux mais pas toujours politiquement innocents. L’ambiance des tout grands jours à l’Entrepôt avec une musique qui fait cependant des trous dans la tête: l’explosivité scénique de Mononc Serge se marie à merveille avec le trash métal d’Anonymous. La bannière canadienne est brandie en fin de set avec une feuille de cannabis remplaçant celle d’érable: tout un programme.
Passons sur la démonstration de catch sur un ring improvisé dans le club pour passer à un autre type de trous dans la tête: ULTRA VOMIT. Les Nantais ont mis la barre très haut: le public apprécie et éructe les vocals en choeur, dommage qu’ils ne soient cependant pas plus audibles (ou plutôt compréhensibles pour le béotien de service). Cocktail de métal puissant, de sonorités hardcore hurlantes, et des textes humoristiques détonants qui se marient parfaitement avec ceux de Mononc’ Serge. Comme l’annonce la pub: ultra bizarre, ultra surprenant, ultra bruyant, ultra bon : ULTRA VOMIT. Jean-Luc Fonck et les Gauff’ au Suc n’ont qu’a bien se tenir: s’ils veulent virer leur cuti, ils ont trouvé ce soirs leurs maîtres rock’n’rollesques.
ARALUNAIRES, Jour 4. Autres endroits, autres moeurs. Quel lieu plus approprié que la synagogue pour y accueillir l’hommage rendu par MIAM MONSTER MIAM à Serge Gainsbourg, accompagné du trio Ecce Homo…? Couvre-chef obligatoirement vissé sur le crâne pour le public masculin, ambiance feutrée, lumière tamisée, cierges allumés et Croix de David affichée, retenue imposée mais convivialité spontanée: le ton est donné et si ce n’est pas un "la", on n’en est pas loin, là. Le côté surréaliste des lieux et le sérieux du contexte rend la prestation du Liégeois d’autant plus confidentielle et intimiste. Chapeau(x).
Autre endroit, autres moeurs: le one-man show de Didier SUPER à l’ancien palais de justice. Comme à la synagogue, ce concert (?!) sold out suscite bien des déceptions chez ceux restés sur le trottoir et se repliant dès lors sur les terrasses noires de monde en ce soir estival. Il n’est pas vraiment question de "concert" avec Didier SUPER: ne serait-on pas plutôt ici dans le bouffon, le burlesque, la provoc’, la parodie, le scandale, le scabreux et le scatologique? Oui, il a bien une guitare à la main de temps à autres et oui, il y a bien des airs de musique – mais n’est-ce pas d’abord en toile de fond pour servir son virulent et vulgaire (…et apprécié) second degré? L’assemblée est à celle de Miam Monster Miam ce qu’un parterre de potache d’une revue estudiantine est à celui de la bénédiction papale sur la place Saint-Pierre. Ambiance ! Fine jouissance toutefois que celle de rire ensemble à gorges chaudes, profondes et déployées d’infâmes choses pour lesquelles la bienséance voudrait qu’on n’ose même pas sourire en bonne société. Le concert se termine dehors sous les étoiles, dans la nuit chaude et lourde sur la plage Léopold – pardon: sur la place Léopold – où le joyeux turbilion emmène tout son public dans un cortège bien scatologique et peu orthodoxe….
ARALUNAIRES, Jour 3. Petit drink à l’heure de l’apéro offert à et par la Galerie du Beau-Site pour une prestation acoustique du Parti Indépendantiste Gaumais (PIG) qui nous délivre quelques fredaines entre trois toiles exposées et deux Ford blinquantes. Le trio indépendantiste s’échauffe unplugged avant d’assurer un peu plus tard plugged la première partie de Miossec.
Crochet par l’Entrepôt ensuite pour une soirée punk-rock avec The HEADSHOTS qui n’ont rien inventé mais qui assurent bien ma foi, ni plus ni moins. UK SUBS enchaîne, en provenance directe de la scène londonienne des seventies ! Ils n’ont pas inventé l’eau tiède, quoiqu’ils la maintiennent bien chaude depuis l’époque. Qui plus est, le leader à un petit quelque chose de Malcolm Mc Laren décédé il y a quelques semaines. Ou quand les papys du punk nous rappellent qu’il y a encore malgré tout une faune à crête, à cuir, à chaînes et à tatouages qui se cache quelque part dans nos banlieues (mais où sont donc tous ces phénomènes ambulants en temps normal?!).
Détour par la Caserne Bastin pour assister à une partie du show de MIOSSEC (bien que ce soit nous qui soyons mis au sec vu la pisse de chat germanique servie au bar – cf. hier). Breton égaré en terre lorraine et dont l’humour caustique est bien en phase avec la situation politique belgo-belge du moment. Pour un chanteur à textes, dommage que les vocals ne soient guère mises en valeur (voire même peu compréhensibles alors que la salle dispose d’une acoustique pourtant irréprochable), ou du moins pas aussi claires et pures que le band qui assure pas mal derrière lui. Chouette hommage à Bashung avec un savoureux Osez Joséphine. Retour à l’Entrepôt pour y terminer la soirée avec l’artillerie lourde de STREET DOGS. Les Amerloches assènent le coup de grâce de la soirée avec un punk-rock (d’ailleurs plus rock que punk) qui a l’avantage d’être aussi direct que sans fioritures et de déclencher une ambiance pas piquée des hannetons. Recette classique binaire boum-boum qui fait toujours son petit effet et de surcroit pas gonflante pour un dollar, tant le band semble réinventer une bonne vieille recette qui aurait été oubliée par Joe Ramone himself dans un sombre arrière-bar new-yorkais depuis les seventies. Pogo et stage diving en sus – ou mosh ?