Chaque ville que Nile RODGERS visite doit se transformer, c’est certain, en le plus grand dance-floor du pays. Et Gent-St-Pieters ne doit pas faire exception à la règle. Nile RODGERS au Gent Jazz Festival 2024, c’est un peu comme Deep Purple ou Motörhead ou Rory Gallagher au Montreux Jazz Festival : des prestations et de la dynamite qui marquent, ont marqué et marqueront les esprits de longues années ou décennies durant.
Bonnet noir mais tout de blanc vêtu, Nile RODGERS attaque la scène à 21h00 pétantes par un explosif « Le Fric, c’est Chic » qui annonce directement la couleur et met tout le monde au diapason. Entouré de deux claviers, flanqué de deux cuivres également, secondé surtout de main de maître par ses légendaires batteur (Ralph Rolle) et bassiste (Jerry Barnes), ses deux choristes black tout de blanc moulées l’entourent tantôt langoureusement, tantôt et le plus souvent énergiquement : une symbiose parfaite à la chorégraphie millimétrée et à la synchronisation rodée par des dizaines ou des centaines de shows.
Leurs déhanchés rythment les déplacements de Nile RODGERS qui ondule comme un serpent sur les accords qu’il nous sort de sa Fender au bois usé et patiné par les années. RODGERS a toutefois décidé de se la péter quelque peu ce soir en nous déblatérant son CV, ou à tout le moins de faire étalage de tout son génie conceptuel pour qui ignorerait qui est ce vulgaire plagiaire qui nous balance à qui mieux-mieux du Madonna, du Cindy Loper, du David Bowie, du Sister Sledge, du Diana Ross, du Duran Duran, du Daft Punk ou encore – bien sûr – du Chic. Non sans à chaque morceaux nous narrer quelques anecdotes remontant à l’enregistrement avec untel ou survenues lors de la composition avec unetelle.
Oui, Nile, tu es un grand monsieur du show-biz, tu es un producteur comme il y en a peu, un compositeur hors-paire que beaucoup s’arrachent, mais inutile de nous étaler toutes tes collaborations et l’étendue presqu’infinie de tes réussites. Si on est ici face à toi, c’est qu’on sait qui on vient voir et ce qu’on vient chercher : du funk, de la soul, du disco, du rythm’n’blues et de la Motown – bref : ce qui a façonné de manière indélébile le paysage musicale de ces dernières décennies que tu as marquées de ta griffe si particulière, de ton son inimitable, de ton toucher comme nul autre pareil.
Rarement d’ailleurs a-t-on vu des retours installés expressément pour que les quelques rares guests en backstage en prennent plein les oreilles et se trémoussent eux-aussi le popotin: c’est dire l’étendue du dance-floor ! 90 minutes de show, pas une de plus : tout le band salue longuement et chaleureusement la foule avant de s’en partir stage left, tandis que le boss, le Roi Rodgers s’est fait un peu plus rapide en filant tout seul stage right. Le Gent Jazz Festival et son affiche aux 100 noms a frappé fort ce lundi soir, et au détriment assurément de tous les clubs, de toutes les boites et de toutes les discos de la région, for sure. Et mention spéciale aux organisateurs pour leur press-room au wifi aussi performant que bien rempli d’Omer était le frigo à disposition…