On ne se bouscule pas au portillon de l’Opderschmelz – il n’y a d’ailleurs pas de portillon à l’Opderschmelz, centre culturel sans nul pareil et comme on n’en fait d’ailleurs qu’ici. Walter TROUT est ainsi de retour à Dudelange, même si chacun de ses come-backs est une victoire en soi 9 ans après une greffe qui l’a ramené de l’au-delà. Un come-back qui ne compte pas pour rien dans la vie d’un homme – et quel homme ! – et dont il ne se lasse de nous rappeler la dette qu’il nourrit à l’égard de chaque donneur d’organes.
Un souvenir chassant l’autre, c’est celui de ses 16 ans qu’il nous partage ensuite: sa première rencontre avec BB KING, rencontre qui a à jamais changé le cours de sa vie et a fait de lui la pointure qu’il est aujourd’hui. Solidement entouré de quatre tirailleurs-mercenaires de derrière les fagots qui ne sont pas non plus nés de la dernière pluie, le TROUT a encore du répondant et c’est à se demander s’il en garde beaucoup sous le pied ou si la gâchette est en bout de course. Quelle que soit la réponse à cette question que nous ne lui avons d’ailleurs pas posée, TROUT ferraille à qui mieux-mieux sans perdre son melon indéboulonablement vissé sur le caillou.
Et ce n’est pas le bouquet final qui nous contredira, avec l’arrivée sur scène d’Eric STECKEL pour une jam endiablée. Non pas un duel, non pas un duo de guitares, mais plutôt un tout qui est plus grand que la somme de ses parties. Aristote est parmi nous ce soir, au coeur de cette jam: pour que ce tout soit si possible démontrable, il faut fixer une notion de valeur et constater (ou encore mieux, prouver) que la valeur du tout est plus grande que la somme des valeurs de TROUT et de STECKEL pris individuellement.
Or pour effectuer une somme et dépasser les idées vagues, il faut choisir ou définir une mesure. Il faut donc associer un nombre au tout et d’autres aux parties. La maxime, avec peut-être des hypothèses restrictives à formuler soigneusement, devrait alors devenir un théorème. Nous en laissons la formulation à qui de droit. Parce que ce lascar de STECKEL, valeur sûre en devenir si pas déjà devenue à notre insu, quelle bombe incendiaire ! Un mélange de napalm et de TNT qui ne demande qu’une chose : exploser – suralimenté par une rythmique qui n’entend pas non plus se contenter de jouer les faire-valoir ni de faire de la figuration.
On ne s’y était pas trompé au seul coup de gratte juste avant le début du show, le petit coup de gratte pour s’assurer que les amplis sont à point, juste ce petit et insignifiant accord de rien du tout en prélude au set: un petit accord sans prétention mais qui a troué un nouveau trou du c… au Monde et qui te fait savoir en une fraction de seconde que le show qui n’a pas encore commencé va tout simplement dépoter.