AIRBOURNE nous a donc ce soir définitivement réconciliés, et il était moins une car ce 16 décembre 2022 est le concert de la (toute) dernière chance. Ca passe ou ça casse: les Australiens n’ont pas droit, n’ont plus droit à l’erreur au vu de nos derniers faces-à-faces au HellFest, au Cabaret Vert, à Leuven (Het Depot) ou encore à Luxembourg (Den Atelier) ces dernières années. Tous ces derniers gigs nous ont très franchement laissés sur notre faim de loup, tant les langueurs et les longueurs, tant les passages à vides et les moments creux nous pesaient et réduisaient à néant toute l’énergie par ailleurs indéniablement dégagée par le quatuor – et quelle énergie !
Rien de tout cela ce soir dans un Cirque Royal copieusement rempli et plus séduisant que jamais avec sa fosse libérée de tout fauteuil (et Dieux sait si ces fauteuils rouges en ont vu du beau monde !). AIRBOURNE nous offre enfin le galop effréné que nous n’attendions plus, une bonne heure et demi durant (rappel compris) sans reprendre son souffle, sans relâcher la bride un seul instant, sans même temporiser ni tâcher de reprendre haleine une seule seconde.
AIRBOURNE nous ramène ce soir aux plus belles heures de ses premières années, de nos premières amours partagées il y a bien longtemps déjà. Mustang fougueux ou train fou, le convoi est lancé à folle allure comme sans pilote, le canasson sans bride, l’écume aux lèvres, la locomotive crachant toute sa fumée. Convoi-fou sans pilote ? Non, pas vraiment: omnipotent et omniprésent, concentrant tous les regards et tous les projecteurs, Joel O’Keeffe est quasi seul à la manoeuvre, pilote exclusif de ce convoi de l’enfer, éclipsant et reléguant dans l’ombre – au propre comme au figuré – ses trois complices qui, pourtant, abattent un taf de titan. Un peu comme s’ils jouaient tous trois dans une division inférieure tandis que O’Keeffe brille au firmament de la Champions League. Au point que c’en deviendrait presque dérangeant, cette mise en avant permanente, cette espèce d’égocentrisme ou d’individualisme exacerbé.
AIRBOURNE est-il encore un collectif et un véritable band, ou plutôt devenu une bande de comparses interchangeables et de faire-valoir à la solde d’un tout-puissant et omniprésent O’Keeffe occultant la (sa) troupe, concentrant projecteurs, regards et… objectifs ? La prochaine étape sera-t-elle celle d’un changement de nom, du style O’Keeffe & Airbourne avant de laisser tout simplement place à O’Keeffe à l’instar de tant d’autres bands dont l’appellation d’origine a disparu pour mieux renaître sous le patronyme de leur leader? Si tant de groupes ont ainsi joué le rôle de tremplin pour quantité de carrières semi-individuelles, AIRBOURNE ce soir est redevenu l’AIRBOURNE qui nous a tant et tant séduit, retrouvant son ADN et sa vraie et totale dimension.
A moins que… à moins que ce dernier concert d’une longue, très longue et éprouvante année 2022 où les Autstraliens ont enchaîné tournée sur tournée soit, ce soir à Bruxelles, le bouquet final et la dernière bataille dans laquelle le groupe jette tout, sans compter, sans mesurer, sans économiser ni rien garder en réserve pour un lendemain qui n’a plus rien à exiger d’eux. Merci AIRBOURNE de nous offrir un tel bouquet final, devant un tel public, dans une salle aussi mythique et exceptionnelle. Aucun autre scénario ni aucune autre affiche n’aurait mieux convenu pour terminer en véritable apothéose cette année 2022.
Cerise sur le gâteau, un BLUES PILLS de derrière les fagots garnit l’affiche en première partie: un opening act aussi intense que court malheureusement, avec notre belle et sensuelle Elin Larsson en forme olympique comme toujours, prête à en découdre. Le set s’avère cependant aussi bref et frustrant qu’un coïtus interruptus, comme s’il fallait mieux se retenir pour AIRBOURNE…