cérémonie hypnotique, initiatique, immersive et multisensorielle – TOOL est l’exception stylistique qui rassemble les extrêmes et réunit les contraires dans cette grand’ messe chamanique qui vous transporte dans un ailleurs dont ils ont, seuls, le secret des dédales qui y mènent. Les messages hypnotiques hallucinant la bande sonore emprisonnent le quatuor: l’écran géant en toile de fond revient à 360° jusqu’à l’avant-scène par le biais d’un immense mais fin rideau métallique et transparent qui enveloppe totalement le quaturo. Un dispositif modérément pratique pour les photographes, mais qui permet des projections lumineuses impressionnantes qui emprisonnent les Californiens 45 minutes durant. On ne devinera jamais qu’à peine Maynard James Keenan, crête iroquoise toujours sur la tête, perpétuellement en retrait et dans l’ombre sur l’une des deux estrades qui jouxtent la batterie où, quand il ne tient pas le micro, se déhanche et s’étire tel un athlète s’apprêtant à réaliser la perf de sa vie.
Deux heures plus tard et une pause de 10′ qu’égrène un compte-à-rebours, les sorciers réapparaissent aussi mystérieusement qu’ils n’avaient disparu. L’usage du téléphone jusqu’alors interdit est concédé (sans flash) par Maynard tandis que l’extraordinaire Carey exécute un Chocolate Chip Trip assez dispensable finalement. La grand’ messe avait commencé par un Fear Inoculum qui plongea les 20.000 paroissiens dans un état second, et l’office se clôture en apothéose avec un doublé Culling Voices et Invincible qui ouvrent les portes de la quatrième dimension, du nirvana ou du paradis c’est selon. TOOL n’est pas seulement un groupe, c’est un concept, une obédience, une fractale initiatique, une psyché spirituelle évoluant dans un halo de variations polyrythmiques, hypnotiques et saturées. TOOL fait du TOOL, avant que ce nom propre devienne sous peu un nom commun. Punt aan de lijn.
Sans crainte aucune d’être désagréable, nous passerons sous silence la performance (?) de BRASS AGAINST en première partie, dont le seul moment de gloire éphémère fut la golden shower qu’Urista offrit live on stage l’année dernière à un fan du 1er rang invité sur scène. A se demander comment TOOL peut s’encombrer d’un tel inutile fardeau, aux antipodes de notre Amélie NOTHOMB que nous ne pourrons jamais égaler pour décrire les passions que génère le premier des derniers géants conceptuels du rock’n’roll circus…