Cette édition unique a relevé le challenge de vivre un festival autour d’un fleuve : la Meuse. Entre deux rives, le public a pu évoluer dans un espace d’évasion et de créativité sans limite. Quatre jours d’effervescence, de vibrations, de partages et de découvertes sous le soleil (et parfois sous la pluie, fidèle compagne des festivals qui sont entrés dans la légende), qui marqueront les esprits de cette aventure inédite.
La foule n’a d’yeux (dieu ?) que pour la sensuelle et lead de DESTROY BOYS : en adepte de la pilosité pubienne revendiquée et assumée – mieux : exhibée (on est punk ou on ne l’est pas) – elle nous démonte la main stage alors qu’il n’est pas encore l’heure du goûter, ou à peine. Le punk rock des Californiens va à ravir au Cabaret Vert qui a trouvé sa totale antithèse à PJ HARVEY. La Belle et les Bêtes pour le meilleur et sans le pire…
Le Cabaret Vert, c’est aussi des ponts entre deux rives qui révèlent une grande scène magnifiée. Cette année, le fleuve est devenu le cœur battant du festival, reliant les deux rives grâce à des ponts éphémères sur lesquels chaque pas invitait à une exploration sonore entre différents mondes : ceux du Greenfloor, où rap et techno rave résonnent dans une cathédrale naturelle à l’immense nef de colonnes d’arbres; du Razorback qui sonne le réveil des guitares s’aventurant aux confins de tous les styles musicaux, même les plus urbains, ou du Zion Club, véritable sound system boisé et onirique, comme si la folie du carnaval de Notting Hill prenait ses quartiers le long de la Meuse.
Mais tandis qu’on s’égare en évocations oniriques, DESTROY BOYS poursuit son travail de mass-destruction sur la scène principale où le bonheur de notre objectif se mêle au plaisir d’un public tout acquis à sa cause – et l’on ne parle pas du dispensable keffieh palestinien qui sera porté (arboré ?) pour la première mais pas pour la dernière fois de la journée.
Une traversée des esthétiques où générations, musiques et écosystèmes se rejoignent au Cabaret Vert: les festivaliers ont ainsi voyagé entre les univers, découvrant alors une scène Zanzibar nichée au cœur de sa nouvelle plaine bordée d’arbres et des murs de l’ancienne usine de la Macerienne, en cours de réhabilitation : une nouvelle Arena propulsant désormais le Cabaret Vert au même rang que les grands festivals européens.
L’heure du thé a sonné celle de la Guinness: FLOGGING MOLLY est fidèle à sa légende et arrose la foule de sa bonne humeur joviale et contagieuse. D’une Californie à l’autre, on passe d’une pilosité à une autre et la masculine n’est pas foncièrement la plus virile…
FLOGGIN MOLLY, c’est comme la rhubarbe: ça se coince dans les dents quand elle est crue, mais elle glisse dans la tuyauterie quand elle est bien cuite. Et en marmelade, c’est aussi du FLOGGING MOLLY: on n’en perd les sens pour en savourer toute l’essence.
La Musique fait l’unité au Cabaret Vert. Au fil de l’eau et des 5 scènes, les festivaliers ont pu naviguer sur une programmation musicale au-delà des 100 artistes. Un casting 2024 international et ambitieux se jouant des styles, des générations et des passeports – à l’image d’une PJ HARVEY qui semble flotter sur un petit nuage traversant la main stage…
À la croisée des mondes; le Cabaret Vert, bien plus qu’un festival. C’est la musique qui rencontre la BD. Ce sont aussi les documentaires et les clips, en lien avec la musique et la BD, diffusés sur les deux écrans de l’Espace Ciné de l’IDéal, parmi lesquels la projection du documentaire de PJ Harvey : “A dog called money”.
Dommage néanmoins que la bien-nommée PJ ait joué sa diva en refusant l’accès au pit-photo à l’ensemble des photographes accrédités, condamnés à officier depuis le beau milieu du public dans des conditions peu optimales pour offrir un travail de qualité (quoi qu’on ait fait tout notre possible pour en tirer le meilleur parti).
Cabaret Verrrrt, on vous dit. Suite au bilan carbone présenté en 2023 après certification par l’organisme A Greener Festival – seulement deux festivals français récompensés – est lancée la première phase du processus de décarbonation du festival, avec, pour commencer, des objectifs clairement identifiés sur l’énergie : 100 % d’énergie renouvelable pour le Cabaret Vert d’ici 2030 ; une autonomie énergétique couvrant 95 % des besoins du festival ; la création d’une communauté locale autour de l’autoconsommation énergétique avec la production de 3 mégawatts à l’année.
Quant à FONTAINES DC qui remplace QUEENS OF THE STONE AGE, autant avouer qu’ils n’arrivent pas à leur cheville et que le Cabaret Vert n’en sort pas gagnant.