La pandémie a empêché URIAH HEEP de célébrer comme il se doit ses 50 berges, et le band entend bien récupérer la sauce en se lançant 2 ans plus tard dans une presqu’interminable tournée jubilaire. Mais la configuration assise du Rockhal Club jette comme un froid sur ce qui s’annonçait comme une belle surprise-party : URIAH HEEP en configuration assise, c’est comme prendre soudainement un sacré coup de bambou, comme se retrouver à mâchonner un morceau de tarte sèche lors d’un goûter dans une seniorie alors qu’on s’attendait à sortir en boîte…
Pour en rajouter une couche, le hall de la Rockhal comporte ce soir un modeste espace « memorabilies » à côté du merchandising, où sont exposées quelques reliques estampillées URIAH HEEP qui ont traversé les décennies: décorations reçues, photos vintage, diplômes en tous genres et autres reliques marquées HEEP glanées sur les 5 continents au gré des tournées mondiales d’époques aujourd’hui révolues. Comme un arrière-goût de naphtaline.
Le set débute par une longue et intéressante projection d’hommages rendus au HEEP par tout ce que la planète rock compte comme célébrités, mythes et légendes vivantes. Le film projeté sur un écran translucide dressé en avant-scène laisse deviner en arrière-plan le matériel déjà installé: mais alors pourquoi, pour qui ces instruments disposés sur l’étroite avant-scène au pied même de cet écran ?! Tout simplement pour URIAH HEEP qui nous offre en première partie de soirée un set semi-acoustique – que nous pourrions qualifier pour notre part de tout à fait dispensable. Le HEEP n’a à notre connaissance jamais excellé dans cet exercice, et celui-ci est de surcroit parfaitement saugrenu voire inopportun quand on connait la puissance et l’énergie qui caractérise le band depuis des décennies. Heureusement pour nous, HAMMERFALL et HELLOWEEN mettent à sac le main hall voisin où nous nous réfugions pour échapper à cette première partie de set pour le moins terne et creuse, osons même le qualificatif soporifique.
L’électricité, l’énergie et la puissance caractéristiques de URIAH HEEP sont par bonheur au rendez-vous en seconde partie de set, et quelle seconde partie ! Nous retrouvons enfin un HEEP digne de ce nom, et un légendaire Mick Box fidèle à lui-même qui déclenche un tsunami sans avoir l’air d’y toucher, tout en finesse et en subtilité mais aux effets dévastateurs. URIAH HEEP semble plus soudé que jamais, faisant montre d’une symbiose sans faille et d’une franche complicité qui fait plaisir à voir et surtout qui charme le conduit auditif.
Le quintet nous délivre au final un bien long set, doté de toute l’énergie et de toute la puissance nécessaires, qui nous transporte à travers les décennies et les âges avant même que, back to the future, on rejoigne l’année 2022 sans même le réaliser. URIAH HEEP fait ce soir la démonstration qu’il compte toujours parmi les plus respectables et les plus honorables des seniors hyper-actifs, et qu’il n’est pas nécessaire de faire de vagues pour rester au-dessus de la mêlée. Avec la classe, la distinction et l’élégance qu’on lui connait, URIAH HEEP nous donne une nouvelle fois une bonne leçon et renvoie tous les autres à leurs devoirs. Et nous à HELLOWEEN dans la salle voisine boucler la boucle…