Tout comme la semaine écoulée à la Rockhal, il demeure encore étrange de se retrouver plongé dans une salle parmi des milliers de ses semblables entassés sans masque ni distanciation physique (enfin quand on dit entassés, on devrait plutôt écrire trop sagement assis côte à côte). On perd vite ses habitudes et ses références du Monde d‘Avant. Tournée annulée en 2020, puis rebelote en 2021: deux ans et deux albums plus tard, Joe Bonamassa comme nous tous profite de l’actuel répit pandémique de ce printemps 2022 pour reprendre enfin la route et retrouver ses (nos) fondamentaux.
20h00 précises: l’obscurité s’empare de la Lotto Arena pour faire rapidement place au maestro. Costume deux pièces impeccablement ajusté, chaussures soigneusement cirées, chemise élégamment assortie et ses inséparables lunettes noires sur le nez, Bonamassa et ses six complices s’installent sous le feu des projecteurs. D’entrée de jeu (et quel jeu !), les enceintes vomissent un son assez pourrave marqué par une désagréable réverbération et un puissant écho laissant penser que la salle est vide comme une boite creuse. On espère que les ingés son vont y remédier fissa, mais le résultat restera peu probant tout au long du set: les drums résonnent de manière dissonante et la guitare de l’Américain débite un son trop métallique qui ne sera corrigé que partiellement en cours de set. Seul le Hammond tire son épingle du jeu – et quel jeu ! – sous les doigts magiques du légendaire Reese Wynans, celui-là même qui officiait déjà au sein notamment du Double Trouble aux côtés de Stevie Ray Vaughan.
Les vocals tiennent également la rampe, que ce soit les lead de Bonamassa (toujours aussi peu loquace entre deux exécutions) ou les background de ses deux efficaces et ravissantes choristes: elles renforcent à la perfection, avec puissance quand il le faut mais avec discrétion quand nécessaire, la texture et la profondeur de l’organe du maître de cérémonie.
Les concerts en configuration assise ont cependant ceci d’horripilant que cette posture est parfaitement antinaturelle, antinomique et profondément incompatible avec certaines ambiances ou musiques. Mais soit, puisque le maître en a décidé ainsi, tout comme la stricte interdiction intimée aux photographes de le shooter de face… ni même depuis l’avant-scène ! Lorsque Bonamassa demande en dernière partie de concert aux premiers rangs de se lever, d’avancer et d’approcher tels Lazare de la scène (distante de certainement 4 ou 5 mètres du premier rang !), il n’en faut pas plus pour que la nature humaine reprenne simplement et pleinement ses droits.
Un rappel partiellement acoustique s’enchaîne après une heure trente d’une démonstration sans appel alternant harmonieusement blues et rock, rock et blues, piano et fortissimo, fortissimo et moderato. Le maestro demeure définitivement aussi remarquable compositeur qu’impressionnant performer, se prévalant d’une production et d’un répertoire aussi riche que varié en balayant véritablement tous les registres du blues. A moins que ce ne soit du rock ? Du blues-rock peut-être, ou du rock-blues. Bref, du grand et du bon Joe Bonamassa quoi…
Il y a un peu plus, je vous le mets…?