38 € (+ presale tax + fee), voilà le tarif pour 1h25’ de sauna à Luxembourg-Ville. Et l’on ne parle pas des péripatéticiennes qui ondulent sensuellement du popotin en arpentant, moulées (au propre comme au figuré) dans leur mini-jupe, le trottoir menant à Den Atelier par cette lourde et chaude soirée estivale. Lourde et chaude pourrait également être le qualificatif séant le plus adéquatement qui soit à la petite heure et demi qu’a duré la séance de sauna / hammam / bain turc prodiguée par les mains expertes des quatre masseurs-malaxeurs de SLAYER.
Massage des tympans, décrassage du conduit auditif, malaxage de l’oreille interne et palette complète de soins du bulbe neural – voire trépanage ou trépanation en bonne et due forme pour certains – le tout n’a pourtant duré que l’instant d’un morceau. Et s’il y en a néanmoins eu plus d’un durant ce laps de temps, sans doute le différentiel de la nuance pointue des mélodies nous aura-t-il échappé. Brutal, noir et agressif: le punk-crushing-trash de SLAYER rules !
Les portes de la sortie de secours grandes ouvertes ne suffisent pas à faire circuler l’air depuis l’entrée principale pour tempérer l’insupportable chaudron qu’est devenu Den Atelier : les t-shirts détrempés moulent les corps fumants déjà mis à rude épreuve par la touffeur d’une salle portée à ébullition. Les quatre juges SLAYER présidant cette grand-messe du trash metal livrent leur prévisible verdict : peine (auditive) incompressible pour toute l’assemblée plaidant complaisamment coupable et complice à la fois, et peine (auditive) incompréhensible pour le commun des autres mortels ayant eu l’outrecuidance de s’exposer à cette cérémonie contre-nature.
Nous restera maintenant à décanter le factuel de cette expérience musicale et socio-ethnologique hors-norme dénommée SLAYER, tâcher d’en dégager une signification et lui donner sens afin de la rendre compatible avec certains standards. Le sujet demeure aussi complexe et incompréhensible que peut l’être la complexité de la nature humaine, et il n’est pas certain que les avancées de la psychologie clinique permettront une réponse rationnelle…
Trois photographes seulement sont accrédités par le management de SLAYER pour affronter frontstage cette minuscule scène, dans un étroit pit où viennent s’échouer a un rythme soutenu les corps rejetés par le public. Pris ainsi en étau entre, devant, les quatre monstres officiant sur scène et la pluie de mutants suintants et désarticulés provenant du public par derrière, le ratio photographe / mètre courant est néanmoins de loin bien plus avantageux qu’au pied de la mainstage du Graspop.
Les Américains s’y produisaient pas plus tard que le weekend dernier face à des dizaines de photographes et à des dizaines de milliers de headbangers. Il est certain que la majorité d’entre eux auraient payé très cher le luxe d’être parmi les quelques centaines privilégiés de ce camp d’extermination (sold out) luxembourgeois d’autant plus destructeur qu’intimiste et confiné. Quant à nous, ce troisième ou quatrième SLAYER à notre tableau de chasse est probablement le dernier, dès lors que nous n’en aurons pas déchiffré le mode d’emploi: le sujet est épuisé (au propre comme au figuré), et il est des saunas ma foi plus… euh… soyeux et sensuels dirons-nous. Nous avons bouffé leur arbre généalogique et en avons ch… de la sciure.