S’il n’y a qu’un soir véritablement rock’n’roll au cours de ces 10 jours de Brussels Summer Festival, c’est bien ce samedi 22 août 2015. En tête d’affiche, ce que la Belgique (ou plutôt la Flandre) fait de mieux dans le registre stoner : TRIGGERFINGER.
Les 28° degrés qu’affiche encore le thermomètre en ce milieu de nuit ne sont pas (uniquement) la conséquence du power trio le plus percutant de la scène belgo-flamande, Rickenbacker touch oblige ! Et le bling-bling qu’affiche TRIGGERFINGER n’est que l’envers d’un décor constitué de roots et de riffs débridés, à l’actif de chiens fous lâchés dans une bergerie.
Un second rappel réclamé à corps et à cris et royalement octroyé alors que le crew a déjà coupé le jus des Marshall est un signe qui ne trompe pas. Sans doute le palais tout aussi royal, témoin voisin du brasier, n’a-t-il jamais contemplé les pavés de la Place des Palais chauffés de la sorte à blanc.
TRIGGERFINGER est le maître-atout incontesté de la scène actuelle qui combine show torride et stoner à la griffe si spécifique, même si le trio ne fait pas montre ce soir de la verve ni de la tchatche qu’on lui connait habituellement. A vaincre sans péril, triompherait-on sans gloire ?
Votre petit grain de folie ne doit pas devenir trop routinier ni trop prévisible, les gars, au risque de ne plus (trop) surprendre. Et quand on ne surprend plus sa dulcinée, faut pas s’étonner de la retrouver dans les bras d’un autre, aussi beauf soit-il (et ce ne sont pas les beaufs qui manquent sur le circuit, aussi nombreux que les cocus…). Mais impossible non plus de vous imputer la responsabilité d’un public plus conventionnel et plus statique que celui qui se déhanchait sur les pavés tout juste avant votre prestation.
C’est vrai qu’après la bonne humeur et la gouaille joviale qu’affiche FLOGGING MOLLY, le meilleur soufflé ne peut que paraître un peu mou du ventre. TRIGGERFINGER a l’élégance de sa garde-robe, et salue avec une amitié non feinte et une admiration qui transpire la sincérité les Américains qui viennent de remarquablement bien leur préparer le terrain et chauffer esprit & corps.
FLOGGING MOLLY réussit en effet l’exploit de métamorphoser la Place des Palais en une immense hysteric-party électrisée par leur folk irlandais sur-amplifié mixant allègrement punk-rock et musique traditionnelle celtique, transformant les lieux en une grande et joyeuse danse-party sous les fenêtres d’un palais royal qui n’en revient sans doute toujours pas de ces gigues endiablées…
La longue, très longue romance entre THERAPY? et la Belgique avait déjà sonné l’heure irlandaise en tout début de soirée. Chaussés de leur verres fumés pour affronter un soleil encore haut et chaud pour leur 23ème rendez-vous bruxellois en 25 ans, nos insulaires préférés ne déçoivent pas leurs inconditionnels de la première heure – dont nous nous revendiquons.
La setlist des trois men in black balaye classiques, standards et dernière production en date – de quoi satisfaire le bon Belge Moyen et nous replonger dans plus de deux décennies de plaisirs et de bonheurs constamment renouvelés. THERAPY? ne surprend plus et on ne le leur demande pas non plus. D’ailleurs, quoi de plus désagréable que les mauvaises surprises quand les valeurs sûres sont au rendez-vous ?!
Non, ROMANO NERVOSO: Fabiola que tu harangues par micro interposé n’habite plus le palais voisin, décidément non. A moins qu’il ne s’agisse d’un second degré poussé à la vaseline un peu plus loin encore… Mention spéciale aux Louviérois complètement déjantés et décalés qui ouvrent la scène en fin de journée par un soleil de plomb qui ne doit pas être la seule explication à leurs esprits déjà surchauffés.
Straight out of Wallifornia : leur prestation ajoute encore un peu plus de folie à la chaleur ambiante, pour le plus grand plaisir d’un public pourtant encore clairsemé à cette heure précoce. Humour à la Arno ("Sors de ce corps!") et set-list digne d’un TC-Matic qui aurait viré de bord pour devenir real rock’n’roll, ROMANO NERVOSO est scatologique, provocateur et secoue – on adore. Et quand c’est servi par un bon groove, c’est encore plus savoureux – aaah, belgitude chérie !